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"De l'eau", des "aides" : Macron interpellé dès son arrivée à Mayotte par des habitants désespérés
"S'il vous plaît, ne partez pas trop vite ! Donnez des aides!": dès son arrivée jeudi matin à Mayotte, cinq jours après le passage dévastateur du cyclone Chido, Emmanuel Macron a été interpellé par des habitants meurtris et désespérés de l'archipel français de l'océan Indien.
"Restez une semaine ! Passez par tous les coins. Mayotte, y a rien qui reste. Tout est parti", le supplie en larmes Assane Halo, employée à la sûreté de l'aéroport de Petite-Terre où le chef de l'Etat a atterri.
"On n'a rien. Pas d'eau. Rien pour s'abriter (...) On ne peut payer qu'en liquide, qu'est ce qu'on va manger?", demande-t-elle, pointant aussi l'urgence de rétablir l'électricité et l'approvisionnement en essence.
"Donnez des aides. Des solutions mais des solutions qui aboutissent", le prie-t-elle encore. "Nos maisons sont détruites. Nos enfants sont traumatisés, on a besoin que les assurances jouent le jeu", insiste Mme Halo.
"Tout se fera, étape par étape", lui promet Emmanuel Macron, la main sur l'épaule. "Mahorais, on va se relever ensemble", avait-il assuré à son arrivée, quelques instants auparavant, sur X.
Le président est ensuite monté dans un hélicoptère de la gendarmerie pour se rendre compte de l'étendue de la dévastation dans le 101e et plus pauvre département français. Environ un tiers de la population, soit plus de 100.000 habitants, notamment des immigrés en situation irrégulière venant des Comores voisines, vivent dans des logements précaires, dont la plupart ont été pulvérisés par le cyclone.
Au même moment, le convoi présidentiel qui quittait l'aéroport était hué en passant devant une station-essence où s'était formée une très longue file d'attente.
"C'est fou, on avait jamais vu ça, on a l'impression que l'Etat a complètement sous estimé l'ampleur" de la catastrophe, relève un policier mahorais sous couvert d'anonymat.
"Tous les moyens sont concentrés sur Petite-Terre et Mamoudzou (sur Grande-Terre), le reste de l'île est encore coupé du monde", ajoute-t-il. Dans le nord, où il a pu aller voir ses parents mercredi, "ils n'ont vu aucun secours arriver".
- "On veut de l'eau" -
Face à la pénurie généralisée qui sévit, le gouvernement a publié un décret pour bloquer les prix des produits de grande consommation dans l'archipel à leurs niveaux du 13 décembre, juste avant le cyclone.
Sont concernés les produits comme l'eau minérale, les produits alimentaires et boissons, les piles, mais aussi les produits d'hygiène de base, du quotidien et dédiés à la construction ainsi que les aliments pour les animaux.
Après la reconnaissance aérienne, Emmanuel Macron s'est rendu au centre hospitalier de Mamoudzou (CHM), où les vitres ont été soufflées, des services inondés et du matériel détruit. "On veut de l'eau !", l'interpelle un agent hospitalier.
"Mr le président, on est tous insécurisés. Les gens se battent pour avoir un peu d'eau. Les avions militaires sont pas arrivés ici", renchérit une femme.
Le chef de l'Etat, qui a revêtu un foulard mahorais, échange avec eux. "Je vais voir s'il faut envoyer plus de gens" pour acheminer de l'eau, dit-il. "La téléphonie va être rétablie dans les prochains jours" pour permettre notamment de recenser les disparus, ajoute-t-il concédant que "beaucoup" n'ont pas encore pu l'être.
"Il y des bâtiments publics et même privés qui ont tenu. Quand c'est bien construit, quand les gens avaient des permis, même dans l'œil du cyclone avec des vents à 220 km/h, ça a tenu", a relevé de son côté à l'AFP le ministre démissionnaire des Outre-mer François-Noël Buffet.
Emmanuel Macron se rendra ensuite dans "un quartier détruit, au contact des services de secours" mobilisés depuis le cyclone le plus intense à s'abattre sur Mayotte depuis 90 ans, précise l'Elysée.
Grâce à l'entraide et la débrouille, le paysage de désolation du début a déjà changé.
- "Outils juridiques" -
Mais dans les quartiers les plus touchés, comme Kawéni, le plus grand bidonville de France en périphérie de Mamoudzou, le risque est fort de voir les logements précaires, souvent faits de tôle, se reconstituer à l'identique à la va-vite pour faire face à la saison des pluies qui arrive.
Le ministère des Outre-mer a annoncé mercredi soir l'activation de "l'état de calamité naturelle exceptionnelle", censé "permettre une gestion plus rapide et efficace de la crise et faciliter la mise en place de mesures d'urgence".
"On se concentre aussi sur les outils juridiques pour permettre la plus grande efficacité possible de l’Etat. Ca passera par des mesures législatives d'urgence pour être efficace immédiatement et reconstruire Mayotte", ajoute le ministre, dans l'attente des annonces présidentielles.
L'aide a commencé à parvenir dans l'archipel, où les défis de l'approvisionnement sont immenses. Un "pont maritime" a notamment été mis en place depuis l'île voisine de la Réunion, un premier départ de quelque 200 conteneurs attendus dimanche sur l'archipel.
Enfin, le président de la République doit "échanger sur la situation de l'île avec les élus".
Emmanuel Macron devrait aussi préciser le "deuil national" qu'il a l'intention de décréter, et commencer à esquisser le titanesque chantier de la reconstruction.
Il repartira ensuite pour Djibouti, où il doit partager vendredi, comme prévu initialement, le traditionnel repas de Noël avec les militaires français déployés à l'étranger.
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H.Seidel--BTB