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Viols de Mazan: déception, colère ou pleurs après le verdict mais toujours "merci Gisèle"
Ils sont venus à Avignon dire "merci" à Gisèle Pelicot d'avoir oeuvré pour "que la honte change de camp", mais malgré le verdict de culpabilité pour tous les accusés de Mazan, la déception était palpable jeudi hors du tribunal et chez les enfants de la victime face aux peines infligées.
"Les enfants sont déçus de ces peines basses", a sobrement commenté un membre de la famille Pelicot, qui a demandé à garder l'anonymat, Gisèle ne faisant aucun commentaire à ce stade.
"Juste complices, c'est scandaleux", ont crié des femmes de collectifs féministes rassemblées devant le tribunal en entendant des peines de trois ans de prison, dont deux avec sursis, à 20 ans infligées aux 51 hommes jugés pour la plupart pour viols aggravés sur Gisèle Pelicot, 72 ans, droguée aux anxiolytiques par son mari.
Dans le tribunal, des familles d'accusés elles crient en entendant certaines peines de plusieurs années de prison, quelques femmes sanglotent et resteront longtemps après le verdict dans la salle de retransmission pour éviter d'être filmées par des télévisions du monde entier.
Pour la première fois depuis que le procès a commencé, le 2 septembre, Gisèle Pelicot n'a pas eu sa haie d'honneur dans le tribunal car face aux près de 180 médias accrédités, aucun membre du public n'a pu entrer.
Mais celle qui est devenue une icône féministe a entendu de sonores applaudissements au-dehors, à son arrivée vers 09H00 pour entendre le verdict contre les 51 accusés, dont son désormais ex-mari Dominique Pelicot.
Près du palais de justice, comme depuis le début de ce procès, il y a près de quatre mois, les messages féministes s'affichent sur les murs et des banderoles: "Justice pour toutes", "La honte a changé de camp, et la justice ?", et le plus grand, ce "merci Gisèle", qu'hommes et femmes veulent lui adresser.
Pour avoir renoncé au huis clos auquel ont droit les victimes de viols et fait face publiquement aux hommes accusés de l'avoir violée, Gisèle Pelicot a réussi "à ce que pour beaucoup de femmes victimes de viols, la honte a maintenant changé de camp", se réjouit Pascale Plattard, ingénieure informatique.
- "Courage" -
Bernadette Teyssonnières, 69 ans, a attendu depuis 05h20, comme chaque matin depuis le début des audiences pour espérer avoir une place dans la salle. Venue au départ pour découvrir le déroulement d'un procès, cette retraitée des environs d'Avignon, exprime elle aussi sa gratitude et son admiration pour Gisèle Pelicot.
"Je suis impressionnée par le courage qu'a eu cette femme, qui avait subi tout ça pendant dix ans, de se montrer au grand jour", confie-t-elle à l'AFP: "la honte doit reposer sur les agresseurs".
Plus que le verdict contre ces hommes âgés de 27 à 74 ans et de tous milieux sociaux jugés dans cette affaire, c'est "tout ce qui s'est passé dans le procès qui restera le plus important": "Essayer de comprendre comment ce monsieur en est arrivé là, pourquoi des hommes, quand ils sont arrivés dans la chambre de Mme Pelicot, ont quand même poursuivi leur acte alors qu'elle était inerte, au lieu de partir tout de suite".
Elle espère que ce procès permettra de discuter plus ouvertement et largement dans les familles de la question du consentement, du respect pour chacun dans la sexualité.
Hugo Mazure, étudiant en sciences politiques de 18 ans, venu dès l'aube adresse lui aussi ce "Merci!" à Gisèle. "Elle est clairement un symbole d'une lutte qui est énorme et grâce à elle on aura des progrès!"
D.Schneider--BTB