Berliner Tageblatt - Attention danger: à Rio, suivre le GPS peut être fatal

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Attention danger: à Rio, suivre le GPS peut être fatal
Attention danger: à Rio, suivre le GPS peut être fatal / Photo: © AFP/Archives

Attention danger: à Rio, suivre le GPS peut être fatal

Une des victimes venait de visiter la statue du Christ rédempteur de Rio de Janeiro. Une autre avait pris un Uber pour sortir le soir dans la métropole brésilienne, qui accueille chaque année des millions de touristes.

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Tous deux ont été tués par balle. Des applications de navigation par GPS les avaient guidés par erreur dans des favelas vivant sous le joug de narcotrafiquants.

La plupart des touristes qui visitent Rio profitent des plages paradisiaques ou du carnaval sans se soucier de la guerre des gangs qui fait rage dans les favelas, quartiers populaires très densément peuplés, certains à flanc de colline, surplombant des quartiers chics.

Mais une série d'attaques au fusil d'assaut de véhicules qui étaient entrés par mégarde dans ces zones a jeté une lumière crue sur les problèmes de sécurité dans la "Ville merveilleuse".

En décembre, un touriste argentin venu admirer la célèbre statue du Christ avec sa femme et ses enfants est ensuite entré malencontreusement dans une favela en suivant son GPS. Touché par deux tirs, il est mort un mois plus tard à l'hôpital.

Egalement en décembre, une Brésilienne venue de Sao Paulo a été tuée d'un tir dans le cou quand le chauffeur de son Uber s'est trompé de chemin alors qu'il l'amenait à une soirée.

A la mi-janvier, une vidéo d'un autre chauffeur de VTC suppliant des individus lourdement armés de ne pas lui tirer dessus alors que son GPS l'avait amené à la favela de Cidade Alta a eu une énorme répercussion sur les réseaux sociaux.

Les hommes - souvent très jeunes - postés à l'entrée de ces quartiers "craignent l'arrivée de la police ou de membres de gangs rivaux", raconte Victor Sarto. Cet avocat brésilo-américain de 41 ans avait été menacé par une arme à feu quand il s'était retrouvé dans une favela après une visite du Christ rédempteur en 2019.

- "Contrôle du territoire" -

"Quand quelqu'un entre dans un tel lieu à toute vitesse, le criminel qui est en état d'alerte, guettant un adversaire, finit par tirer avant de vérifier de qui il s'agit", explique à l'AFP Victor dos Santos, secrétaire à la Sécurité de l'Etat de Rio de Janeiro.

Selon lui, la multiplication de ce type d'incidents est due, entre autres, au fait que la guerre des gangs est devenue "très intense" en 2024.

Selon l'Institut Fogo Cruzado, 19 personnes - simples citoyens ou policiers - ont été atteintes par des tirs et cinq d'entre elles ont été tuées après être entrées accidentellement dans des favelas en 2024, un record depuis que l'ONG a commencé à compiler ces données en 2016.

"C'est clairement lié à la géographie de Rio de Janeiro et aux problèmes de contrôle du territoire", estime Maria Isabel Couto, une responsable de cet institut.

Environ 1,5 million de personnes, soit près d'un quart de la population de Rio, vit dans les favelas.

- "Il y a des règles" -

Certaines sont bâties sur les nombreuses collines qui se dressent y compris au milieu des quartiers touristiques, d'autres sont situées en terrain plat, et souvent plus éloignées du centre.

Uber a indiqué à l'AFP que son dispositif de sécurité numérique "peut bloquer des demandes de courses provenant de zones présentant des problèmes de sécurité publique à certaines heures et certains jours".

Un porte-parole de Google - qui détient deux applications de navigation populaires - a affirmé que l'entreprise ne souhaitait pas commenter des informations sur des incidents impliquant des usagers ayant été guidés vers des zones dangereuses.

Un habitant de longue date de Cidade Alta explique à l'AFP qu'"il y a des règles" à respecter pour entrer dans son quartier.

"On ne peut pas aller à plus de 20 km/h, il faut baisser les vitres, allumer les feux de détresse et l'éclairage intérieur de la voiture", énumère-t-il, demandant l'anonymat pour raisons de sécurité.

Au moins quatre factions criminelles "contrôlent" 20% du territoire de l'agglomération de Rio, selon Maria Isabel Couto, qui rejette cependant l'idée que certains secteurs seraient "zone interdite" à ceux qui n'y vivent pas.

Des ONG dénoncent par ailleurs l'impact sur les habitants d'opérations policières souvent musclées.

Mercredi, lors d'une intervention près de Cidade Alta, au moins quatre personnes ont été blessées selon des médias. Un hélicoptère de la police a dû se poser d'urgence après avoir été atteint par un tir.

I.Meyer--BTB