Berliner Tageblatt - Une statue à Londres pour les immigrés de la "génération Windrush"

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Une statue à Londres pour les immigrés de la "génération Windrush"
Une statue à Londres pour les immigrés de la "génération Windrush" / Photo: © POOL/AFP

Une statue à Londres pour les immigrés de la "génération Windrush"

Le traitement par le Royaume-Uni de ces milliers d'immigrés des Caraïbes après leur arrivée en toute légalité avait fait scandale. Après une journée de commémoration annuelle, une statue inaugurée mercredi par le prince William à Londres rend hommage la "génération Windrush".

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Alors que la société britannique s'interroge de plus en plus sur son passé colonialiste et le racisme en découlant, le monument a été dévoilé dans le hall de la gare de Waterloo, l'une des plus fréquentées du Royaume-Uni, par où étaient passés de milliers de ces migrants, à l'occasion du "Windrush Day", institué en 2018.

La statue de 3,65 mètres réalisée par le sculpteur jamaïcain Basil Watson représente un homme en habits du dimanche tenant par la main sa femme, accompagnés d'un enfant regardant dans une autre direction, debout sur des valises.

Le gouvernement a souligné la "contribution exceptionnelle" de ces milliers de personnes venues au Royaume-Uni entre 1948 et 1971 pour participer à la reconstruction du pays après la seconde guerre mondiale, mais privés de droits, voire détenues ou expulsées faute des documents nécessaires.

Souhaitant en faire "un lieu de réflexion permanent", il a salué leur "courage, engagement et ténacité". Il l'a financé à hauteur d'un million de livres (plus de 1.160.000 euros).

"La vie britannique est dans tous ses aspects meilleure grâce au demi-million d'hommes et femmes de la génération Windrush", a souligné le prince William, petit-fils de la reine Elizabeth II, lors de l'inauguration.

Cette génération tire son nom du navire Empire Windrush, arrivé le 22 juin 1948 au port de Tilbury, à une quarantaine de kilomètres à l'est de Londres, avec à son bord des centaines de migrants originaires des Caraïbes, principalement de Jamaïque, mais aussi des Bermudes ou de Guyane britannique.

Début 2018, un scandale avait révélé que le gouvernement avait traité comme des clandestins certains de ces migrants pourtant censés être britanniques, leur demandant de prouver chaque année de présence au Royaume-Uni sous peine d'expulsion. Un programme d'indemnisation a été lancé l'année suivante pour ces migrants, dont le traitement a été qualifié par un rapport parlementaire de "vraiment honteux".

- "Reconnaissance" -

Le monument rend hommage "aux rêves et aspirations, au courage et à la dignité, aux dons et talents" de ces milliers de migrants arrivés avec "l'espoir de contribuer à une société dont ils attendaient qu'elle les accueille en retour", a déclaré le sculpteur Basil Watson, dont les parents en faisaient partie.

"Je n'aurais jamais imaginé quelque chose" d'aussi bien, a confié à l'AFP à propos de la statue un passager du Windrush Empire, Alford Gardner, 96 ans, tout en appelant le gouvernement à accélérer le versement de compensations.

Selon le quotidien The Guardian, seul un demandeur sur quatre a reçu un paiement.

"C'est agréable de penser que tous ceux qui vont passer devant la statue vont se souvenir que les membres de la génération Windrush avaient mis leurs plus beaux habits pour partir vers le Royaume-Uni et contribuer à reconstruire ce qu'ils considéraient comme leur nouvelle maison", a souligné Angela Wilson, fille d'immigrés des Caraïbes.

Elle a qualifié le monument de "formidable reconnaissance" mais a dit aussi "attendre avec impatience que le ministre de l'Intérieur corrige les erreurs commises et s'assure que tout le monde a les papiers nécessaires pour prouver qu'ils sont citoyens britanniques".

Cette inauguration a lieu dans un contexte d'introspection au Royaume-Uni sur le passé esclavagiste et colonialiste de ses institutions, y compris la monarchie.

Elizabeth II a publié un message pour "remercier les pionniers de Windrush et leurs descendants" et saluer "un moment historique".

Présent avec son épouse Kate, le prince William a vu une récente tournée dans les Caraïbes marquée par des manifestations, demandes d'excuses et velléités républicaines. Son père Charles, héritier du trône, se trouve cette semaine en visite au Rwanda pour un sommet du Commonwealth, organisation composée surtout d'anciennes colonies britanniques, après avoir selon la presse critiqué la politique migratoire du gouvernement de Boris Johnson qui veut expulser des demandeurs d'asiles vers ce pays d'Afrique de l'Est.

H.Seidel--BTB