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Le gouvernement de Scholz évite une crise en s'accordant sur son budget
La coalition du chancelier d'Olaf Scholz a évité une grave crise gouvernementale grâce à un accord aux forceps vendredi sur le budget 2025, qui doit permettre à l'Allemagne d'apparaître comme un "pôle de stabilité" dans une Europe en pleine tourmente.
Cette crise budgétaire a été l'une des plus sérieuses à ébranler la coalition formée des sociaux-démocrates, des écologistes et des libéraux, au pouvoir depuis fin 2021. Les partisans de la rigueur s'opposaient à ceux qui réclamaient une augmentation des dépenses au cours de semaines de négociations particulièrement tendues.
Une chute du gouvernement d'Olaf Scholz, affaibli par ses mauvais résultats aux élections européennes, était même redoutée, avec des conséquences en cascade pour la première économie de l'UE et pour l'ensemble du continent.
Selon un sondage dévoilé vendredi par la chaîne publique ARD, les trois partis au pouvoir n'obtiendraient ensemble qu'à peine plus de 30% des voix en cas de législatives anticipées, alors que l'extrême droite a beaucoup progressé au scrutin européen de juin.
L'opposition conservatrice CDU-CSU, créditée de près de 30% des voix, pourrait de son côté envisager de revenir au pouvoir.
Face à la gravité de la situation, les partenaires de coalition ont arraché un compromis au cours d'une ultime séance de négociation de près de quinze heures qui s'est terminée au bout de la nuit.
- Frein à l'endettement respecté -
Evoquant avec inquiétude les turbulences traversées par l'UE et notamment l'issue incertaine des législatives en France, Olaf Scholz a affirmé que son pays se devait d'être un "pôle de stabilité".
"Nous ne devons pas nous détourner du monde en ce moment et nous ne devons pas nous occuper (que) de nous-mêmes", a-t-il dit, soulignant "l'importance stratégique", "la force économique", le "poids politique" de l'Allemagne.
Le projet de budget présenté vendredi répond aux exigences constitutionnelles du frein à l'endettement, comme l'exigeait le ministre des Finances.
Il comprend aussi un plan de soutien à la croissance, qui doit garantir un demi point de plus de Produit intérieur brut (PIB) en 2025 pour la première économie européenne, actuellement à la traîne des nations industrielles.
La crise au sein de l'actuel gouvernement s'était cristallisée autour de la demande du ministre des Finances Christian Lindner (libéral) d'économiser quelque 30 milliards d'euros pour l'an prochain.
Les écologistes et de nombreux responsables du parti social-démocrate du chancelier plaidaient pour laisser filer les déficits pour relancer l'économie et financer le réarmement du pays face à la menace russe, via une nouvelle suspension du "frein à l'endettement".
Ce plafond, inscrit dans la Constitution, impose de limiter le recours à l'emprunt.
- Déception pour la défense -
Il a été levé lors des années de crise liées au Covid-19 puis à la guerre russe en Ukraine. Mais les Libéraux, très stricts sur les questions budgétaires, ne voulaient plus en entendre parler désormais et réclament le retour à la rigueur, avec des coupes dans les dépenses sociales.
A l'inverse les Verts et plusieurs dirigeants sociaux-démocrates ont jugé qu'une politique de rigueur s'accordait mal avec une conjoncture morose, marquée par une croissance à la traîne des grandes nations industrielles, et les besoins de moderniser l'armée.
Au final, le ministère de la Défense n'a obtenu qu'une faible hausse de son budget, très inférieure à ce qu'il réclamait.
Le cessez-le-feu au sein de la coalition pourrait cependant être de courte durée, de nombreux points du budget restant à négocier avant son vote au Parlement prévu fin novembre ou début décembre.
L'adoption du budget 2024 avait déjà donné lieu à une crise entre les partenaires de coalition, contribuant à l'impopularité du gouvernement.
En novembre, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe avait rejeté, toujours au nom du frein à l'endettement, l'utilisation dans le budget fédéral de 60 milliards d'euros de crédits d'investissement non utilisés et provenant d'un fond spécial.
Ce revers judiciaire avait contraint le gouvernement à geler les dépenses pour le reste de l'année 2023 et à appliquer un budget provisoire pour 2024 jusqu'en février et l'adoption du texte définitif.
Y.Bouchard--BTB