Berliner Tageblatt - CNews donne des gages de pluralisme pour convaincre de renouveler sa fréquence

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CNews donne des gages de pluralisme pour convaincre de renouveler sa fréquence
CNews donne des gages de pluralisme pour convaincre de renouveler sa fréquence / Photo: © AFP/Archives

CNews donne des gages de pluralisme pour convaincre de renouveler sa fréquence

Face aux critiques et sanctions, la chaîne d'info CNews a pris une série d'engagements pour favoriser le pluralisme sur son antenne, lundi, devant le régulateur de l'audiovisuel qui décide du renouvellement de sa fréquence.

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Il y a eu "quelques dérapages, inconvénients" mais "nous cherchons à y remédier avec une organisation qui permet de bétonner nos informations", a assuré Serge Nedjar, directeur général de CNews, auditionné par l'Arcom avec les autres responsables de la chaîne.

Créée en 2017 sur les cendres d'iTélé, CNews s'est classée numéro un des chaînes d'information en continu (en parts de marché) en mai puis en juin devant BFMTV, une performance inédite. Devenue rentable en mars, elle espère renouveler son autorisation de diffusion sur la TNT qui prend fin en 2025.

Animée par Pascal Praud, Laurence Ferrari ou Sonia Mabrouk, la chaîne appartient à Canal+, contrôlé par Vivendi, groupe du milliardaire conservateur Vincent Bolloré.

Comme C8 qui appartient à la même entité, CNews est régulièrement rappelée à l'ordre par le régulateur en raison de propos tenus sur son antenne.

La semaine passée, deux amendes d'un total de 80.000 euros ont été rendues publiques, pour "manquements" à ses obligations lors d'un débat consacré au projet de loi immigration et pour des propos climatosceptiques.

"Les Français ont particulièrement besoin d'être informés de manière honnête et rigoureuse", a souligné lundi Hervé Godechot, un des conseillers de l'Arcom qui interrogeait les dirigeants de la chaîne.

"On a prévu de renforcer la rédaction" sur les sujets politiques, police-justice et économiques, a affirmé M. Nedjar, dont l'équipe compte 200 journalistes.

Il s'agit aussi de "muscler le service juridique".

"Nous allons mettre en place une direction du pluralisme", avec l'embauche de "4-5 personnes", a renchéri Gérald-Brice Viret, directeur général de Canal+ France.

Cette dernière annonce découle d'une décision du Conseil d'Etat mi-février, qui a exigé que l'Arcom renforce son contrôle du pluralisme sur CNews et, au-delà, sur les télés et radios. La plus haute juridiction administrative avait été saisie par Reporters sans frontières, qui estimait que la chaîne d'info était devenue "un média d'opinion".

Alors que CNews se concentrait jusqu'alors sur l'équilibre des temps de parole politiques, la nouvelle direction du pluralisme veillera "à la pluralité des thématiques, des intervenants et des opinions", a indiqué M. Viret.

CNews "ne prétend pas, quoi qu'en disent certains, former l'opinion publique", a-t-il insisté.

- Indépendance de la rédaction -

L'évocation de la décision du Conseil d'Etat a donné lieu à une poussée de tension. Elle "n'est concrète en rien" et "nous attendons la délibération de l'Arcom", a lancé le président du directoire du groupe Canal+, Maxime Saada, pressé par le régulateur de prendre des engagements précis.

La question sensible de l'indépendance de la rédaction a aussi été abordée, en lien avec des interventions prêtées à son propriétaire. Le quotidien Le Monde a ainsi affirmé lors de la campagne des législatives que le patron de LR Eric Ciotti "a orchestré avec Vincent Bolloré l'annonce de son ralliement au RN".

Mais "l'actionnaire n'est jamais intervenu sur le contenu éditorial", a martelé le directeur général de CNews.

Au-delà, Serge Nedjar a défendu le modèle de la chaîne, pas "un robinet à infos" mais qui apporte "de l'éclairage", avec des experts et éditorialistes en plateau.

La part "d'information stricte" (environ un tiers du temps d'antenne) peut-elle augmenter? Les dirigeants de CNews vont "y réfléchir", ont-ils répondu au président de l'Arcom, Roch-Olivier Maistre.

Il n'est pas question non plus que des incidents se reproduisent, comme en février lorsque l'avortement a été qualifié de "première cause de mortalité dans le monde". Tout sera contrôlé à l'avance, a promis Thomas Bauder, directeur de l'information.

En début d'année, les principales figures de CNews et Vincent Bolloré avaient été auditionnés par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'attribution des fréquences TNT.

Son rapporteur, le député LFI Aurélien Saintoul, a affirmé à son issue qu'il "ne comprendrait pas que les chaînes CNews et C8 puissent se voir en l'état renouveler leurs autorisations de diffusion". Selon lui, elles vivent "de l'abus" et "du contournement des règles".

Vingt-quatre candidats sont en lice dans cette procédure lancée fin février pour renouveler 15 fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT). Le groupe L'Express présente son projet lundi après-midi.

Les chaînes retenues seront révélées fin juillet.

W.Lapointe--BTB