Berliner Tageblatt - Bassines: une journée de frictions, entre jeu de piste et début d'incendie

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Bassines: une journée de frictions, entre jeu de piste et début d'incendie

Bassines: une journée de frictions, entre jeu de piste et début d'incendie

Le soleil est écrasant à Migné-Auxances (Vienne), près de Poitiers, et des milliers de militants antibassines progressent à travers champ lorsqu'un feu s'allume après des tirs de lacrymogènes. Un début d'incendie "dingue" et une manifestation pour l'eau qui finit par s'éteindre.

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Aussitôt après les tirs des forces de l'ordre, la paille sèche s'embrase et, attisé par le vent, le feu parcourt plusieurs centaine de mètres en direction du cortège, jusque-là pacifique et musical.

Des gens crient "Sortez de la paille!", "ça va brûler vite!". Certains courent, d'autres se cherchent du regard ou de la voix, sous les pales d'un hélicoptère qui exhorte les militants à se mettre à l'abri.

"C'est dingue. Mais si ça pouvait ridiculiser (les gendarmes) et mettre un peu l'accent sur l'aberration de tout ça, ça serait bien", réagit auprès de l'AFP Mélanie, danseuse de 40 ans qui ne veut pas donner son nom de famille.

Quelques instants plus tard, à la grande déception de plusieurs manifestants masqués, les organisateurs sifflent la fin de la mobilisation du jour.

Elle a tourné au jeu du chat et de la souris entre les milliers d'occupants du Village de l'eau, à Melle (Deux-Sèvres), et 3.000 gendarmes et policiers mobilisés.

- "Absurdité" -

Dès 8h30 du matin, à la sortie du campement, des centaines d'entre eux, certains masqués, tentent de se diriger, dans le calme et en scandant des slogans, vers leurs voitures.

En coupant à travers champs, les militants parviennent à les contourner. Puis le cortège est scindé en deux, de nombreux manifestants bloqués.

Les gendarmes effectuent des tirs nourris de gaz lacrymogènes, en cloche, l'un des moments les plus tendus de la journée, avant que ces manifestants ne puissent regagner leurs voitures.

Les contrôles de gendarmerie, systématiques sur les routes des Deux-Sèvres et de la Vienne, ralentissent la formation de convois vers Saint-Sauvant (Vienne), site d'une future réserve.

À Chey, Myriam (30 ans) et ses amis voient leur petit véhicule vidé de ses bagages: sur le macadam surchauffé, ils doivent déplier sortir leurs effets, leurs sacs de couchage...

"Ça questionne sur l'utilité de se faire confisquer des sardines de tente, des masques FFP2 pour le Covid, c'est l'absurdité de la situation qui est agaçante", témoigne-t-elle.

Mais la stratégie des forces de l'ordre semble fonctionner: l'heure tourne et voilà les organisateurs, qui pensaient pouvoir pique-niquer à Saint-Sauvant, contraints de se rabattre dans un parc à Migné-Auxances, près de Poitiers, à 45 km de là.

"On a tourné, viré, on apprenait au fur à mesure que l'ambulance était coincée, que plein de gens étaient coincés, qu'il fallait aller ici, et puis non, changement, il fallait aller là-bas...", témoigne Hélène Charnier, 70 ans, retraitée de l’Éducation nationale.

- "On ne va pas à l'affrontement" -

Là, dans la touffeur de la mi-journée, chacun se restaure en vue d'une "balade" reprogrammée à la hâte pour cibler un site à proximité, symbole de "l'agro-industrie".

"La consigne depuis le début, c'est qu'on ne va pas à l'affrontement", explique Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines Non Merci.

Ici où là, le ton se durcit parfois, comme lorsque trois policiers font irruption dans le parc pour signaler aux organisateurs qu'il s'agit d'une manifestation non déclarée. "Sachez que la moindre utilisation de bombes incendiaires peut avoir des conséquences gravissimes" sur fond de végétation sèche, répond, prophétique, Julien Le Guet.

De même, lorsque le cortège s'élance, un riverain reproche à un manifestant de lui répondre masqué mais la conversation finit par s'engager entre eux.

Le cortège progresse en chantant, puis bifurque dans un champ où sèche de la paille coupée.

Et il suffit d'une étincelle pour allumer l'incendie, qui sera éteint par les pompiers, et causer une belle frayeur aux manifestants, qui promettent de remettre ça samedi à La Rochelle.

"C'est une sage décision, pleine de courage, de s'arrêter", veut croire Jack, 30 ans, bob rose sur la tête, qui s'exprime sous un faux nom.

"Malgré ça, on a réussi à montrer notre droit de manifester, l'envie qu'on avait d'être ici tous ensemble et d'arracher ce moratoire contre les mégabassines."

tsq-abo-kal-ni-jed/ppy/ dch

K.Thomson--BTB