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Black-out au Venezuela : un goût de "déjà vu"
Feux de circulation éteints, commerces ouverts, mais dans la pénombre, et désinformation... Une coupure généralisée d'électricité frappe vendredi le Venezuela, ravivant les souvenirs du black-out de cinq jours qui avait traumatisé ce pays en 2019.
Comme à l'époque, le pouvoir attribue cette coupure à un sabotage. Elle survient un mois après la réélection du président Nicolas Maduro, accusé de fraude par une opposition qui revendique la victoire à l'élection du 28 juillet.
De nombreuses personnes, ignorantes de l'ampleur de la panne, sont allées travailler pensant qu'elle n'affectait que leur quartier.
Ronald Herrera, un commerçant de 39 ans, a ouvert son magasin à Caracas, espérant pouvoir vendre sa marchandise avant qu'elle ne s'abime.
"Cela m'affecte comme tous les commerçants, je m'inquiète pour la marchandise", du poulet et du fromage frais, explique-t-il, disant avoir dépensé 230 dollars cette semaine pour réparer l'un de ses réfrigérateurs endommagé par une surtension qui lui avait fait perdre pour 400 dollars de produits.
Ses voisins, Carlos Peña et sa femme Carmen Pérez, ont eux aussi préféré ouvrir leur épicerie, pour "vendre le poulet que nous avons".
Cette coupure généralisée de courant rappelle celle de mars 2019. Le président Nicolas Maduro parlait alors d'une "attaque électromagnétique" des États-Unis avec la complicité de l'opposition.
"C'est un nouveau sabotage électrique", a déclaré vendredi le ministre de la Communication Freddy Nanez. "Nous l'avons vécu en 2019, nous savons ce que cela nous a coûté en 2019, ce que cela nous a coûté pour récupérer le système électrique national".
- Dollarisation -
Les pannes d'électricité n'étant pas habituelles dans la capitale, de nombreux commerçants ne sont pas équipés de groupes électrogènes, contrairement à des États comme ceux de Zulia (ouest) et de Bolivar (sud), où les fréquents délestages d'électricité ont contraint petits commerçants et entrepreneurs à s'en équiper.
"Je pensais qu'il s'agissait d'une coupure comme il y en a tous les jours ici", s'amuse Elena Jiménez, une femme au foyer de 66 ans de Maracaibo, la capitale de l'Etat de Zulia.
"Cela me rappelle la panne d'électricité d'il y a quelques années, qui avait été très forte", note Nairelis Ramirez, une habitante de Los Puertos de Altagracia, en périphérie de Maracaibo. "Nous attendons de voir ce qui va se passer".
En 2019, le black-out avait coïncidé avec l'un des pires moments de la crise économique dans laquelle est plongé le Venezuela.
Dans l'Etat de Zulia, l'un des plus chauds du pays, avec des températures moyennes de 38 à 40 degrés Celsius, beaucoup faisaient de longues queues pour obtenir un verre d'eau fraîche ou dormaient sur les places publiques pour profiter de la brise nocturne.
Le black-out de l'époque avait été le coup d'envoi de facto de la dollarisation du Venezuela. Sans possibilité d'avoir des espèces et sans électricité pour payer avec des cartes bancaires, la population avait commencé à régler ses achats avec des dollars épargnés.
Sur une place du centre de Caracas, Leticia Quiroga, 30 ans, attend des instructions : elle est fonctionnaire et ne sait pas si elle doit se rendre au travail ou non. "Parce que vous êtes mentalement habitué à certaines choses (...), je me suis préparée pour aller travailler", dit-elle, désemparée.
O.Bulka--BTB