Berliner Tageblatt - Etats-Unis: le marché du travail reste solide en mai, les nuages semblent encore lointains

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Etats-Unis: le marché du travail reste solide en mai, les nuages semblent encore lointains
Etats-Unis: le marché du travail reste solide en mai, les nuages semblent encore lointains / Photo: © AFP/Archives

Etats-Unis: le marché du travail reste solide en mai, les nuages semblent encore lointains

Le marché du travail aux Etats-Unis s'est montré solide en mai et les travailleurs restent en position de force malgré des créations d'emplois ralenties, mais la lutte contre l'inflation devrait changer la donne d'ici quelques mois.

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En mai, 390.000 emplois ont été créés, secteurs privé et public confondus, selon les données du département du Travail publiées vendredi.

C'est moins que les 436.000 d'avril (données révisées en hausse), mais mieux que les 325.000 qui étaient attendus par les analystes.

Le taux de chômage reste lui inchangé à 3,6%, et il faudra donc patienter encore pour le voir revenir à 3,5%, son niveau de février 2020, avant la pandémie de Covid-19, lorsqu'il était au plus bas depuis 50 ans.

Lors d'un discours prononcé dans le Delaware, le président Joe Biden a assuré vendredi qu'il était possible de maîtriser l'inflation "sans sacrifier" l'emploi vu la solidité du marché du travail en mai.

"À presque tous les égards, c'est l'un des marchés de l'emploi les plus solides des 50 dernières années", a commenté Mike Fratantoni, chef économiste de l'association des banquiers immobiliers (Mortgage bankers association).

"Il y a encore des millions d'offres d'emploi de plus, que de personnes disponibles pour les combler, et la croissance des salaires reste forte", a-t-il détaillé.

Le salaire horaire a continué à augmenter, à un rythme toutefois moins rapide, et s'établit désormais à 31,95 dollars de l'heure en moyenne, +0,3% sur un mois et +5,2% sur un an.

Mais le ralentissement concerne les responsables, observe Diane Swonk, cheffe économiste pour Grant Thornton, qui souligne que pour les autres, la hausse des salaires s'est "en fait accélérée au cours du mois, à 6,5% sur un an, proche du rythme annuel observé en avril".

Les employeurs en effet, qui ne trouvent pas suffisamment de travailleurs par rapport au nombre d'emplois vacants, proposent des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail pour attirer les candidats.

- Dégradation à prévoir -

Les secteurs des loisirs et de l'hôtellerie, des services aux entreprises, du transport et de l'entreposage, ont été les principaux créateurs d'emplois le mois dernier, tandis que le commerce de détail en a détruit, précise le département du Travail dans un communiqué.

Le taux de participation, c'est-à-dire la part des adultes qui travaillent ou cherchent un emploi, s'améliore un peu, mais, à 62,3% (+0,1 point par rapport à avril), est toujours inférieur de 1,1 point à son niveau d'avant la pandémie.

"Alors que les entreprises continuent de se battre pour rémunérer, retenir et recruter de nouveaux talents", Gregory Daco, économiste en chef d'EY-Parthenon, y voit un signe "encourageant", car cela signifie que "l'offre de main-d'œuvre a rebondi en mai".

Or, précise-t-il, "s'il y a un élément qui manque encore au marché du travail aujourd'hui, c'est l'offre de main-d'oeuvre, et non la demande de main-d'oeuvre".

La lutte contre l'inflation pourrait cependant faire repartir le chômage à la hausse, et ralentir la croissance économique, voire même provoquer une récession. Car pour freiner cette hausse des prix, l'un des principaux leviers est de ralentir la demande de la part des consommateurs et entreprises.

Pour cela, la banque centrale américaine (Fed) est à la manoeuvre, et relève progressivement ses taux directeurs, ce qui donne le ton aux banques commerciales, qui, à leur tour, proposent à leurs clients des crédits à des taux plus élevés.

"Si la situation du marché du travail devrait rester bonne à court terme, la demande de main-d'œuvre devrait diminuer plus tard cette année, les entreprises faisant face à des coûts plus élevés, à une demande réduite des consommateurs et à une rentabilité plus faible", anticipe Kathy Bostjancic, économiste pour Oxford Economics.

Les secteurs qui risquent d'être les premiers concernés sont, selon elle, ceux "sensibles aux taux d'intérêt, comme la construction et l'industrie manufacturière", ou "vulnérables au fait que les consommateurs achèteront moins de biens, comme le commerce de détail, le transport et l'entreposage".

Elle estime cependant que les travailleurs pourraient être plus nombreux à se remettre à chercher un emploi, ce qui "devrait atténuer les nouvelles pressions à la hausse sur les salaires au second semestre".

Y.Bouchard--BTB