Berliner Tageblatt - Catastrophe écologique au Brésil: fin d'un procès géant à Londres contre BHP

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Catastrophe écologique au Brésil: fin d'un procès géant à Londres contre BHP
Catastrophe écologique au Brésil: fin d'un procès géant à Londres contre BHP / Photo: © AFP

Catastrophe écologique au Brésil: fin d'un procès géant à Londres contre BHP

Les dommages pourraient se compter en dizaines de milliards de livres: le dernier jour du procès contre le géant minier australien BHP, jugé pour la rupture dévastatrice d'un barrage de résidus toxiques en 2015 au Brésil, a débuté jeudi à Londres. Des centaines de milliers de victimes réclament réparation.

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Experts et victimes se sont succédé depuis fin octobre devant la Haute Cour de Londres, chargée de déterminer la responsabilité de BHP dans cette affaire titanesque, qui avait créé un émoi considérable.

La décision n'est pas attendue avant juin ou juillet et les éventuels dommages et intérêts devront attendre un deuxième procès, peut-être en octobre 2026.

Pour les avocats des demandeurs, "BHP était au courant, pratiquement dès le début, du risque sérieux que représentait le barrage de résidus de Mariana pour les communautés environnantes et l'environnement".

Mais "les entreprises essaient simplement de payer le moins possible", a affirmé jeudi l'un d'eux, Tom Goodhead, à l'AFP.

Le 5 novembre 2015, la rupture du barrage minier de Fundao, près de la ville de Mariana, dans l'Etat du Minas Gerais (sud-est du Brésil), avait entraîné une gigantesque coulée de boue de déchets toxiques sur 650 kilomètres le long du fleuve Rio Doce, jusqu'à l'océan Atlantique.

- Forêt tropicale -

Le barrage était exploité par Samarco, dont BHP et la compagnie brésilienne Vale étaient copropriétaires.

La catastrophe a provoqué 19 morts, privé plus de 600 personnes de leur foyer, tué des milliers d'animaux et dévasté des zones de forêt tropicale protégée.

BHP avait à l'époque deux sièges, dont un à Londres, ce qui explique cet énorme procès civil dans la capitale britannique.

L'entreprise, qui affirme que l'eau du fleuve a retrouvé sa qualité depuis les faits, reconnaît une "tragédie" mais estime avoir démontré, lors du procès à Londres, qu'elle a su "privilégier la sécurité et agir de manière responsable".

Elle assure aussi que plus de 430.000 personnes ont déjà reçu une compensation au Brésil, où les autorités ont annoncé en octobre un nouvel accord d'indemnisation de l'ordre de 30 milliards de dollars avec BHP et Vale.

"Nous respectons la procédure de Londres. Nous continuons notre défense ici, mais nous considérons que le Brésil est le meilleur endroit pour aborder toutes ces questions", a affirmé à l'AFP jeudi Fernanda Lavarello, une dirigeante de BHP au Brésil.

Les victimes espèrent obtenir davantage de la justice britannique. Elles soutiennent que la majorité des 620.000 plaignants au procès de Londres (dont 46 municipalités brésiliennes, des entreprises et plusieurs peuples autochtones) ne sont pas couverts par l'accord brésilien.

- 36 milliards de livres -

Le montant des dommages et intérêts réclamés dans la capitale britannique promet d'être énorme: il est évalué à 36 milliards de livres (soit 43 milliards d'euros ou 46 milliards de dollars) par les avocats des plaignants.

Mariana est "la ville la plus touchée", mais "malheureusement, les sommes accordées" au Brésil aux municipalités "ont été très basses", a affirmé le maire Juliano Duarte jeudi à l'AFP, indiquant qu'une grande partie des indemnisations est attribuée "au gouvernement fédéral et au gouvernement de l’État".

"Nous espérons une meilleure justice à Londres, recevoir des sommes proportionnées à l'ampleur de la tragédie et nous espérons également que le paiement ne sera pas étalé sur 20 ans, comme cela est le cas au Brésil", ajoute-t-il.

Un peu plus loin, Pamela Fernandes, la mère d'Emanuele Vitoria, une petite fille de cinq ans qui a perdu la vie, dit être à Londres "pour la justice" car "pour moi, au Brésil, justice n'a pas été rendue".

Elle s'étrangle de la relaxe en novembre de BHP et Vale sur le plan pénal par un tribunal brésilien, pour absence de preuves sur leur responsabilité dans la rupture du barrage.

Mais les vies perdues "sont des preuves", assène-t-elle, pour qui il y a, au Brésil, "un manque d'intérêt, un manque d'effort. Ou alors c'est l'argent, qui parle plus fort".

W.Lapointe--BTB