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Retraites: Bayrou redit sa confiance envers la démocratie sociale mais ferme la porte aux 62 ans
François Bayrou a clairement fermé la porte dimanche à un retour de l'âge de départ à la retraite à 62 ans, mettant en péril l'avenir du "conclave" sur la réforme de 2023 même s'il a pris soin de se démarquer des critiques d'Edouard Philippe.
Interrogé sur France Inter sur la possibilité de ce retour à 62 ans, contre 64 ans dans la loi actuelle, le Premier ministre a répondu "non".
"La conférence sociale sait très bien (...) quel est le rapport numérique (...) Je ne crois pas que la question paramétrique (...) c'est-à-dire la question de dire +voilà l'âge pour tout le monde+, je ne crois pas que ce soit la seule piste", a-t-il ajouté.
Cherchant à s'éviter la censure du Parti socialiste, M. Bayrou avait rouvert en janvier le dossier de la réforme menée par Elisabeth Borne, et confié aux partenaires sociaux la tâche de tenter de parvenir à un nouvel accord.
Les concertations des partenaires sociaux ont débuté le 27 février, syndicats et patronat étant censés se réunir chaque jeudi au moins jusqu'à la fin du mois de mai - même si Force ouvrière (FO) a d'emblée claqué la porte. François Bayrou s'est engagé à soumettre un éventuel accord, même partiel, à l'appréciation du Parlement.
- Un conclave "hors-sol" -
Mais la nouvelle donne internationale ouverte par l'accession de Donald Trump au pouvoir a conduit le président de la République à souhaiter le 5 mars "de nouveaux investissements" et de "nouveaux choix budgétaires", faisant craindre à une partie du corps social et de la classe politique que le modèle social français en paye le prix.
Vendredi, dans Le Figaro, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe a jugé sans ambages le conclave des partenaires sociaux "complètement hors-sol" et "déjà totalement dépassé", au regard du regain de tensions internationales.
"On laisse dans l'atmosphère l'idée qu'on pourrait revenir sur la réforme Borne. La vérité, c'est que compte tenu des menaces, on ferait bien de réunir les forces sociales et politiques, non pas pour leur demander s'il faut revenir sur une réforme déjà votée, mais pour se demander comment s'adapter à un effort à venir considérable, presque existentiel", a développé le maire du Havre, avant le congrès de son parti dimanche après-midi à Lille.
Invité à réagir à cette affirmation dimanche, M. Bayrou a fait part de sa "divergence avec Édouard Philippe", lors de l'émission "Questions politiques" sur France inter, franceinfo et Le Monde.
"Édouard Philippe considère que la démocratie sociale et les partenaires sociaux, c'est négligeable (...) Moi je crois qu'on s'est trompé depuis des années en écartant les partenaires sociaux", a affirmé le patron du MoDem, dans une allusion au passage à Matignon d'Édouard Philippe, marqué par la crise des "gilets jaunes" et une première tentative de réforme des retraites interrompue par le Covid.
- "Mépris" -
Mais il a en même temps semblé préempter l'issue des discussions, sur la question de l'âge de départ, s'attirant les foudres de la CGT et des oppositions.
"C'est scandaleux", a affirmé le négociateur de la CGT sur les retraites Denis Gravouil à l'AFP, en estimant qu'"on ne peut pas faire confiance à François Bayrou".
"Le conclave est fini. Bayrou dit non à l'abrogation de la retraite à 64 ans", a réagi sur X le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, dénonçant un "foutage de gueule". Le député socialiste Jérôme Guedj, fer de lance de son parti sur la question des retraites, a critiqué sur le même réseau une "faute" et "un mépris pour les partenaires sociaux".
Le vice-président du RN Sébastien Chenu a lui aussi jugé que cette sortie signifiait la "fin du conclave", sur BFMTV, estimant que cela ne plaidait pas en faveur d'un maintien durable de M. Bayrou à Matignon.
A l'inverse, le ministre délégué à l'Europe Benjamin Haddad a salué un "discours de vérité" du Premier ministre: "Le contexte géopolitique exige une réflexion sur le financement du réarmement, au niveau national comme européen", a-t-il écrit sur X.
Toujours partie prenante des concertations, la CGT a elle d'ores et déjà appelé fin février à la mobilisation, le 8 puis le 20 mars, "pour gagner l'abrogation de la réforme" de 2023.
J.Bergmann--BTB