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Equateur: le dialogue se poursuit entre manifestants et gouvernement
Après plus de deux semaines de manifestations contre la cherté de la vie, les représentants des manifestants indigènes poursuivent mardi le dialogue avec le gouvernement, au lendemain d'une première séance de discussions sans résultat.
Les dirigeants de la puissante Confédération des nationalités indigènes (Conaie), fer de lance des manifestations, dont son chef Leonidas Iza, ont rencontré lundi pendant près de cinq heures une délégation officielle menée par le ministre des Affaires gouvernementales Francisco Jimenez, a constaté l'AFP.
La réunion, qui doit reprendre mardi à 09H00 (14H00 GMT), se déroule dans une annexe de la basilique catholique du centre historique de la capitale, en présence de représentants de l'Eglise et du Congrès.
M. Iza a appelé le gouvernement à mener "une politique qui puisse bénéficier davantage aux pauvres". "Nous n'avons aucun problème à passer autant de jours que nous le souhaitons, avec nos camarades, à marcher pacifiquement dans la ville de Quito et sûrement dans les autres villes d'Equateur", a prévenu une nouvelle fois le chef de la Conaie.
En signe de bonne volonté, le gouvernement a réduit dimanche le prix de l'essence et du diesel de 10 cents de dollars, mais les indigènes jugent "insuffisante" cette première baisse et demandent une réduction de 40 cents.
- "Des réponses" -
Avec cette dernière baisse, les subventions atteignent 13,2% des recettes du budget général de l'Etat pour près de 3,4 milliards de dollars, soit l'équivalent du budget de l'éducation ou de la santé, a souligné M. Jimenez, appelant à la "recherche du consensus".
Le président de l'Equateur Guillermo Lasso, qui était positif au Covid-19 la semaine dernière, n'a assisté à aucune des réunions.
Le prix des carburants constitue la principale revendication des manifestants, avec un moratoire d'un an sur le paiement des dettes bancaires des paysans.
En signe d'ouverture, le président équatorien a mis fin samedi à l'état d'urgence décrété une semaine auparavant dans six des 24 provinces du pays les plus touchées par les manifestations.
Il a renouvelé dimanche soir son appel au "dialogue", avertissant toutefois "ceux qui cherchent le chaos, la violence et le terrorisme (qu'ils) trouveront la pleine force de la loi".
- "Niveau critique" -
Quito, où sont rassemblés quelque 10.000 manifestants indigènes selon la police sur quelque 14.000 estimés dans le pays, est au coeur du mouvement.
Cinq manifestants sont morts dans des violences avec les forces de l'ordre dans le pays, selon une ONG. Plus de 500 personnes, civils ou membres des forces de l'ordre, ont été blessées.
Dimanche, une nouvelle manifestation, pacifique celle-là, s'est déroulée dans le centre historique de la ville. Femmes en tête, plusieurs milliers d'indigènes, certains portant lances et boucliers, ont défilé à un jet de pierre de la présidence, lourdement protégée par les forces de l'ordre.
"Nous voulons que ce gouvernement raciste parte, un gouvernement ingrat qui a insulté des hommes, des femmes et des enfants en augmentant le prix des produits de première nécessité", accusait l'une des manifestantes, Emma Pirucha, de la communauté Shuar, le visage peint en vert et noir.
La crise frappe l'économie du pays déjà affectée par la pandémie et étroitement dépendante des recettes du pétrole, premier produit d'exportation.
Les barrages routiers qui paralysent les échanges et la mise à l'arrêt forcée de plus de 1.000 puits de pétrole notamment dans les provinces amazoniennes pourrait, selon le gouvernement, entraîner un arrêt total de production d'or noir dans les prochaines heures.
Sous pression des manifestants d'un côté, le président Lasso, un ancien banquier au pouvoir depuis mai 2021, est également menacé de destitution. L'opposition parlementaire --majoritaire mais divisée-- le rend responsable de la "grave crise politique" qui secoue le pays.
Le débat sur une éventuelle destitution doit se poursuivre mardi au Parlement.
Après les débats, les députés auront 72 heures pour voter. Une majorité de 92 voix sur 137 est nécessaire pour que la procédure de destitution soit adoptée.
Des mobilisations du mouvement indigène ont provoqué la chute de trois présidents entre 1997 et 2005.
M.Furrer--BTB