Berliner Tageblatt - Le Britannique Jim Skea élu président du Giec pour une décennie climatique charnière

Euronext
AEX -1.55% 878.83
BEL20 -1.1% 4204.57
PX1 -1.22% 7294.37
ISEQ -0.26% 9703.47
OSEBX -0.57% 1406.06 kr
PSI20 -0.05% 6291.11
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK -1.45% 3038.37
N150 -1.53% 3223.89
Le Britannique Jim Skea élu président du Giec pour une décennie climatique charnière
Le Britannique Jim Skea élu président du Giec pour une décennie climatique charnière / Photo: © AFP/Archives

Le Britannique Jim Skea élu président du Giec pour une décennie climatique charnière

Le professeur britannique Jim Skea a été élu mercredi par ses pairs nouveau président du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) de l'ONU, avec le défi d'affronter une décennie "critique" pour l'humanité qui n'est toujours pas sur la trajectoire de l'accord de Paris.

Taille du texte:

"Le changement climatique est une menace existentielle pour notre planète", a-t-il déclaré devant les représentants des 195 Etats membres du Giec lors de leur session plénière à Nairobi, selon un communiqué du groupe.

Enseignant en énergies durables à l'Imperial College London, M. Skea, 69 ans, succède au Sud-Coréen Hoesung Lee, économiste spécialisé sur les questions d'énergie élu en octobre 2015, et dont la présidence a été jugée très discrète.

Jim Skea était coprésident sortant du 3e groupe de travail du Giec, consacré à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il aura la délicate mission de diriger les travaux de centaines d'experts pendant une décennie où l'humanité doit inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre pour espérer pouvoir limiter le réchauffement de la planète.

Le Giec, créé en 1988, s'est historiquement focalisé sur la mesure du réchauffement de la planète et ses causes, mais ses derniers rapports se sont penchés sur les solutions et l'adaptation au dérèglement climatique, un domaine que le groupe devrait approfondir dans le cycle qui s'ouvre.

Jim Skea l'a emporté dans le vote final, par 90 votes contre 69, sur la Brésilienne Thelma Krug, ancienne chercheuse à l'Institut national de recherche spatiale au Brésil et coprésidente du Giec dans le cycle qui s'achève.

Deux autres candidats briguaient aussi la présidence: la Sud-Africaine Debra Roberts, biogéographe spécialisée dans les questions d'urbanisation, et le Belge Jean-Pascal van Ypersele, climatologue déjà candidat malheureux de la dernière élection en 2015.

- "Maintenant ou jamais" -

"En tant que président", a déclaré Jim Skea, "j'ai trois priorités: améliorer l'inclusivité et la diversité, protéger l'intégrité scientifique et la pertinence politique des rapports d'évaluation du Giec" et "maximiser la portée et l'impact" de son travail "au travers d'engagements avec les décideurs politiques et les autres parties prenantes".

C'est "maintenant ou jamais", avait-il déclaré plus tôt cette année, si l'humanité veut se conformer aux objectifs de l'accord de Paris de limiter le réchauffement bien en-dessous de 2°C et si possible sous 1,5°C.

Dans une interview au site Climatica avant l'élection, M. Skea s'est déclaré "génétiquement optimiste" et a souligné que l'humanité avait encore le pouvoir d'influer sur la trajectoire future du réchauffement.

"Les défis sont énormes, mais l'essentiel est de ne pas être paralysé dans l'inaction par un sentiment de désespoir", a-t-il souligné.

- "Refermer la parenthèse du 1,5 °C" -

Selon Olivier Boucher, climatologue de l’Institut français Pierre-Simon-Laplace, "le prochain président et les coprésidents des groupes de travail vont devoir refermer la parenthèse du +1,5°C. Cet objectif n'est désormais plus possible, en fait je pense qu'il ne l’a jamais été".

Pour lui, "le Giec va vraiment devoir changer son discours et s'attaquer beaucoup plus aux scénarios de dépassement" des objectifs de l'accord de Paris, qui vont nécessiter d'accélérer les réductions d’émissions et de plus gros efforts d'adaptation.

Le réchauffement planétaire est déjà quasiment à 1,2°C par rapport à la seconde moitié du XIXe siècle, et le dépassement du 1,5°C est désormais très probable dans les années 2030-2035, même temporairement, selon le dernier rapport de synthèse du Giec, publié en mars au terme de son 6e cycle d'évaluation entamé en 2015.

La durée du 7e cycle n'a pas encore été formellement décidée, mais chaque cycle du Giec dure entre 5 et 7 ans, durant lesquels il publie plusieurs rapports principaux qui, dans un processus strict de validation scientifique par les pairs, synthétisent les travaux du monde entier dans plusieurs disciplines sur le réchauffement climatique, ses impacts et les options pour le limiter.

Ils sont accompagnés de plusieurs rapports thématiques et d’un "résumé à l'intention des décideurs", synthèse des connaissances scientifiques censée être accessible à un public non spécialisé.

F.Müller--BTB