Berliner Tageblatt - Védrines, l'homme qui grimpa le K2 le plus vite en "sachant aller lentement"

Euronext
AEX 1.58% 879.8
BEL20 1.67% 4228.29
PX1 0.58% 7255.01
ISEQ 0.18% 9613.97
OSEBX 0.26% 1468.66 kr
PSI20 0.76% 6409
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK 2.98% 2989.04
N150 0.75% 3295.3
Védrines, l'homme qui grimpa le K2 le plus vite en "sachant aller lentement"
Védrines, l'homme qui grimpa le K2 le plus vite en "sachant aller lentement" / Photo: © AFP

Védrines, l'homme qui grimpa le K2 le plus vite en "sachant aller lentement"

Pour le Français Benjamin Védrines qui vient de réaliser l'ascension la plus rapide du K2, le deuxième plus haut sommet du monde, chaque seconde compte. Mais le nombre de records qu'il a décrochés lui importe peu.

Taille du texte:

Celui qui est à 32 ans l'un des plus grands alpinistes français l'affirme à l'AFP: "ce ne sont pas les records en eux-mêmes qui m'intéressent, ce sont les liens que je crée avec certaines montagnes et notamment le K2".

Ce sommet, l'un des cinq dépassant les 8.000 mètres au Pakistan, "a fasciné beaucoup de nations, beaucoup d'alpinistes, et m'a fasciné dès lors que je l'ai vu", raconte-t-il, évoquant "une ambiance un peu mystique propre au K2".

Pourtant, en 2022, il a failli y perdre la vie, à 8.400 mètres d'altitude - à environ 200 mètres du sommet de 8.611 mètres, considéré comme le plus dangereux de la planète.

Il n'avait plus assez d'oxygène pour avancer et, comme à chaque fois, il était parti en style alpin, c'est-à-dire sans oxygène et avec l'équipement le plus léger possible.

- "Le K2 m'a accepté" -

Mais il y a une semaine, il est parvenu à ce sommet en 10 heures, 59 minutes et 59 secondes - alors que le dernier record, établi en 1986 par le Français Benoît Chamoux, était de 23 heures.

"Je me sens très reconnaissant que la montagne du K2 m'ait accepté enfin cette année", dit-il, à Skardu, dans la province pakistanaise du Gilgit-Baltistan. "C'était non pas une forme de revanche mais une forme de réconciliation."

Une réconciliation également avec un corps qu'il a fallu acclimater à des conditions météorologiques imprévisibles et un manque d'oxygène en altitude - le fruit d'une année sous la houlette de deux entraîneurs, l'un mental l'autre sportif, raconte Védrines qui a commencé l'alpinisme à 15 ans avant de devenir guide professionnel.

"Cela demande de savoir aller lentement pour aller vite. C'est un petit peu le contraste auquel il faut faire face. Pour nous, sportifs, qui avons l'habitude d'aller rapidement, là il faut savoir se remettre à un niveau beaucoup plus faible en termes d'efforts."

- "Plus de maturité" -

"Ce n'est pas évident mais j'ai su le faire cette année avec plus de maturité", affirme ce Drômois installé dans les Hautes-Alpes (sud-est) qui avait ouvert en 2021 une nouvelle voie en duo avec le virtuose Charles Dubouloz, sur la face nord du Chamlang (7.319 m, Népal).

Car, insiste Védrines, petit bouc et cheveux bruns, le visage tanné par le soleil, le K2 - que l'Everest ne dépasse que de 240 mètres - "demande beaucoup d'humilité".

"Je fais attention de faire bien les choses, de les construire, ce sont des projets qui prennent du temps. Avoir concrétisé cela après autant de travail, c'est quelque chose d'autant plus fort", détaille l'alpiniste.

Le Pakistan, Védrines, le connaît bien. En 2022, il y avalait le Broad Peak, le 12e sommet le plus haut du monde, en 7 heures et 28 minutes, sans oxygène.

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on peut le voir sauter en parapente de ce sommet situé à 8.051 m d'altitude.

Aujourd'hui, il y est de retour, avec un record de plus à son palmarès.

Le 28 juillet, juste après 00H00 heure locale, il a quitté le dernier camp du K2 à 5.350 mètres d'altitude. Il a ensuite avalé les 3.261 mètres restants jusqu'au sommet pour arriver à l'heure du déjeuner.

Y.Bouchard--BTB