Berliner Tageblatt - "Plus personne pour protéger ces terres": aux Etats-Unis, le désarroi des employés des parcs nationaux

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"Plus personne pour protéger ces terres": aux Etats-Unis, le désarroi des employés des parcs nationaux
"Plus personne pour protéger ces terres": aux Etats-Unis, le désarroi des employés des parcs nationaux / Photo: © AFP/Archives

"Plus personne pour protéger ces terres": aux Etats-Unis, le désarroi des employés des parcs nationaux

Erikka Olson a travaillé pendant cinq ans comme saisonnière au parc Yosemite, en Californie, avant d'obtenir un poste permanent dans une forêt publique du Nevada. Un rêve balayé par les récents licenciements d'employés fédéraux par l'administration Trump.

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Un millier d'employés du service des Parcs nationaux américains en période d'essai, pour une durée d'un an, ont été remerciés en l'espace de quelques jours, selon l'Association de conservation des parcs nationaux (NPCA). Quelque 3.400 employés du service des Forêts américaines ont connu le même sort, selon plusieurs médias américains.

Elon Musk, nommé par Donald Trump à la tête d'une commission à l'efficacité gouvernementale (Doge), s'est lancé dans une vaste offensive destinée à réduire les dépenses publiques, bouleversant le fonctionnement de l'Etat fédéral américain avec des méthodes décriées comme brutales.

Employée depuis juin à la forêt Humboldt-Toiyabe, Erikka Olson, 27 ans, entretenait les chemins de randonnée, dégageait les arbres et autres débris des sentiers, ou récoltait des données sur les visiteurs.

Mais samedi, la jeune femme a reçu un mail de son employeur lui signifiant son renvoi immédiat, en raison de mauvaises performances.

Assurant être peu payée, elle estime que son salaire est "une petite somme d'argent qui sert à financer ce que le public prend parfois pour acquis. Cela permet d'avoir des toilettes propres, des sentiers accessibles, des zones sauvages protégées".

Tant de choses que "le peuple Américain va perdre", déplore celle pour qui travailler dans ces espaces naturels était un "rêve".

- "Colère" -

Très populaires aux Etats-Unis, notamment au printemps et en été, les 63 parcs nationaux du pays ont accueilli plus de 300.000 visiteurs en 2024, selon la NPCA.

Ces espaces naturels protégés et publics demeurent l'une des rares initiatives du gouvernement fédéral faisant le consensus dans un pays fractionné.

Les parcs nationaux sont "la meilleure idée que l'Amérique n'ait jamais eue", témoigne anonymement cette ancienne garde d'un parc national situé aux alentours de Washington DC, ayant perdu son emploi vendredi.

Les licenciements "ne feront pas économiser de l'argent. Cela ne fera qu'abimer les services dans les parcs nationaux. Les visiteurs vont être choqués et attristés par ce qu'ils vont découvrir cet été. Moins de services, des toilettes sales, pas de prestations et des horaires réduits", déplore-t-elle.

"J'ai ramené mes affaires à la maison en me disant que je ne reviendrai peut-être jamais. Je suis envahie par la colère. L'une des missions du service des Parcs nationaux est de protéger les terres publiques pour le bénéfice de tous. Et il n'y aura plus personne pour protéger ces terres, instruire les gens ou les sauver quand ils se retrouveront en face d'un bison à Yellowstone (parc national situé dans le Wyoming, ndlr)", ajoute-t-elle.

- Privatisation -

"Arbres abattus" ou "toilettes qui débordent": "voilà quelques exemples de ce qui pourrait se produire si le service des parcs ne disposait pas du personnel nécessaire", affirme Emily Douce, de la NPCA.

Nathan Vice était le seul serrurier du parc Yosemite avant d'apprendre son licenciement vendredi par mail, malgré "une très bonne évaluation de ses performances".

"En tant que serrurier, j'étais responsable de toutes les serrures du parc et de toutes les clés qui s'y rattachent". Un poste primordial, notamment pour permettre l'accès d'équipes médicales ou de pompiers en cas de problème.

"Ils se sont débarrassés des personnes essentielles et n'ont même pas examiné ce que je fais, qui je suis. (...) Nous ne sommes pas ici pour l'argent, nous sommes ici pour être au service du public et pour prendre soin de ces lieux", témoigne cet homme de 42 ans.

Aleksander Chmura, ancien gardien à Yosemite, craint quant à lui une "destruction, voire une privatisation des parcs".

"J'ai l'impression qu'ils vont inventer des excuses pour dire que les parcs ne peuvent pas fonctionner seuls et qu'il faut les privatiser. Nous ne pouvons laisser cela se produire", conclut-il. Avec d'autres employés de parcs nationaux, ils ont intenté une action en justice pour contester leurs licenciements.

K.Brown--BTB