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Jeu très ouvert pour l'élection du chef de l'OIT
Le prochain chef de l'Organisation internationale du travail sera-t-il un Africain ou bien une femme? Dans les deux cas, ce serait une première. A quelques heures de l'élection vendredi, le jeu est encore très ouvert.
Cinq candidats sont en lice pour cette élection - à huis clos et à bulletin secret - pour succéder à l'ancien syndicaliste britannique Guy Ryder, en poste depuis 10 ans et qui a atteint la limite des deux mandats.
Pour beaucoup, la bataille finale devrait opposer l'ancien Premier ministre du Togo Gilbert Houngbo, soutenu par l'Afrique dans sa grande majorité et les représentants des travailleurs, à l'ex-ministre française du Travail Muriel Pénicaud, portée par Paris et le bloc européen.
Sont également candidats l'ex-ministre des Affaires étrangères de Corée du Sud Kang Kyung-wha, l'entrepreneur sud-africain Mthunzi Mdwaba et l'Australien Greg Vines, directeur général adjoint de l'OIT pour la gestion et la réforme.
Au-delà de l'élection, l'enjeu est de taille: le prochain patron de l'OIT aura pour lourde tâche de faire adapter les normes de cette organisation centenaire à un marché du travail en pleine mutation sous l'effet des nouvelles technologies.
D'autant que la pandémie de Covid-19 a donné un coup d'accélérateur aux technologies de télétravail qui permettent d'abolir les barrières géographiques et de travailler en équipe à distance.
Pour certains même, le métavers existe déjà au quotidien, au-delà des joueurs et passionnés de technologies, créant un nouveau monde du travail dont les règles sont encore à façonner.
Même s'il est vrai que cet univers parallèle, accessible grâce à des lunettes de réalité augmentée ou virtuelle (AR ou VR), relève encore de la science-fiction pour l'écrasante majorité de l'humanité.
Née au lendemain de la Grande Guerre en 1919, l'OIT n'a jamais été dirigée par une femme, ni par un représentant d'Afrique ou d'Asie. Elle compte en revanche parmi ses anciens patrons deux Français, dont le premier, Albert Thomas (1919-1932).
Les 5 candidats doivent convaincre les représentants des gouvernements, mais également ceux des employeurs et des syndicats, les 187 Etats membres de l'OIT étant représentés par les trois branches.
- Deux candidats africains -
Seuls les 56 membres titulaires du Conseil d'administration, à savoir 28 membres gouvernementaux, 14 membres employeurs et 14 membres travailleurs, peuvent voter.
Dix des sièges gouvernementaux titulaires sont réservés en permanence aux pays dont l'importance industrielle est la plus considérable (Allemagne, Brésil, Chine, France, Inde, Italie, Japon, Russie, Royaume-Uni et Etats-Unis).
L'Union africaine soutient le Togolais Gilbert Houngbo, mais l'Organisation internationale des Employeurs (OIE) a porté son choix sur le candidat sud-africain, qui a occupé la vice-présidence du Conseil d'administration de l'OIT.
Si M. Mdwaba devait être élu - une hypothèse jugée peu probable - ce serait le premier représentant des employeurs à la tête de l'OIT.
M. Houngbo, actuel président du Fonds international de développement agricole (FIDA) à Rome, a occupé le poste de directeur adjoint (2013-2017) de l'OIT, en charge des Opérations sur le terrain.
Ancien secrétaire général adjoint des Nations unies, directeur du Programme des Nations unies pour le Développement (Pnud), il a été également membre de l'équipe stratégique et directeur administratif et financier de l'organisation.
Face à lui, Muriel Pénicaud, ministre du Travail de mai 2017 à juillet 2020 en France, a initié les grandes réformes sociales du quinquennat d'Emmanuel Macron, comme celles du code du travail ou de l'assurance chômage, vivement critiquées par les syndicats.
A la tête de son ministère, elle a également réformé la formation professionnelle, en faisant la promotion de l'apprentissage alors peu développé en France, et s'est attachée à ce que les entreprises respectent mieux l'égalité hommes-femmes.
La Sud-Coréenne Kang Kyung-wha a occupé des postes de poids à l'ONU, notamment comme conseillère du secrétaire général Antonio Guterres, mais ses critiques font valoir son "manque de connaissance" du monde du travail.
Quant à M. Vines, il a occupé des fonctions de direction au sein de syndicats australiens, et pourrait faire figure de continuité après M. Ryder, une faiblesse pour certains.
I.Meyer--BTB