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L'armée russe va se concentrer sur l'est de l'Ukraine, pessimisme sur les négociations
L'armée russe a annoncé vendredi qu'elle allait désormais concentrer son offensive sur l'est de l'Ukraine, tandis que les belligérants se montraient très pessimistes sur le déroulement de leurs pourparlers en vue de mettre fin au conflit.
Dans le même temps, le président américain Joe Biden a rendu visite à des militaires américains basés en Pologne, la deuxième étape après Bruxelles d'un voyage en Europe destiné à cimenter l'union des Occidentaux face à la Russie, tant sur le front diplomatique qu'économique.
Le commandement russe, par la voix de l'adjoint au chef de l'état-major Sergueï Roudskoï, a annoncé que "les capacités de combat des forces ukrainiennes avaient été réduites de manière importante, ce qui permet (...) de concentrer le gros des efforts sur l'objectif principal : la libération du Donbass".
Des séparatistes prorusses ont créé deux "républiques" reconnues par Moscou dans cette région industrielle de la partie orientale du territoire ukrainien.
Et ce peu après que le vice-président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, reprenant la rhétorique chère à Vladimir Poutine, avait souligné que l'opération militaire en cours devait "se poursuivre jusqu'à ce qu'elle atteigne son objectif de démilitariser et de dénazifier l'Ukraine".
Parallèlement, les négociations russo-ukrainiennes semblaient patiner.
"Les positions convergent sur les points secondaires. Mais sur les principales (questions) politiques, nous faisons du surplace", a ainsi lâché Vladimir Medinski, le négociateur en chef russe.
Les discussions sont "très difficiles", a renchéri le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, niant tout "consensus" pour le moment avec Moscou.
- Biden en Pologne -
Au cours de son déplacement de deux jours en Pologne, Joe Biden, qui était vendredi dans la région de Rzeszow, à une centaine de kilomètres de la frontière ukrainienne, s'entretiendra samedi à Varsovie avec les dirigeants polonais et ira dans un centre d'accueil de réfugiés ukrainiens.
Depuis le 24 février, plus de 2,2 millions de personnes fuyant le conflit sont en effet entrées en Pologne, d'après les garde-frontières polonais, sur environ 3,7 millions au total qui sont parties à étranger, selon l'ONU.
Dans la matinée, le président américain avait annoncé dans un communiqué commun avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen la création d'un groupe de travail visant à réduire la dépendance de l'Europe envers les énergies fossiles russes et le projet de Washington de fournir à l'Europe 15 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz naturel liquéfié (GNL) cette année.
Kiev a pour sa part demandé à l'UE de "complètement bloquer les liaisons terrestres et maritimes avec la Russie et le Bélarus" pour empêcher la fourniture de biens pouvant servir à des fins militaires.
- Une guerre d'usure -
Sur le terrain des combats, Marioupol, un port ukrainien stratégique situé sur la mer d'Azov, redoutait qu'environ 300 personnes ne soient mortes dans le théâtre bombardé le 16 mars.
Des centaines de personnes, "principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées", s'étaient réfugiées dans ce bâtiment, a rappelé la mairie, se référant à des témoignages.
Plus de 2.000 civils ont été tués dans cette ville assiégée, selon la municipalité, et quelque 100.000 de ses habitants y sont toujours bloqués et manquent de tout, a affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Sur ce front comme sur les autres, l'invasion russe, qui entre dans son deuxième mois, se mue de plus en plus en une guerre d'usure, cependant que la Russie a reconnu que 1.351 de ses soldats avaient péri en Ukraine et que 3.825 avaient été blessés.
- Des corps de soldats russes abandonnés -
Vendredi, les militaires russes ont affirmé avoir détruit avec des missiles de croisière la plus grande réserve de carburant de l'armée ukrainienne, située près de Kiev, qui servait selon eux à "approvisionner les unités dans la partie centrale du pays". Une attaque confirmée par le gouvernement ukrainien.
Un incendie y était toujours en cours vendredi matin, dégageant une épaisse fumée noire, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"On a vu l'explosion, c'était vraiment puissant", a raconté à l'AFP un agent de sécurité du site ayant requis l'anonymat. "Heureusement, il n'y a pas de victimes", a-t-il précisé.
Dans l'est, quatre civils ont été tués et trois autres blessés dans des tirs de lance-roquettes sur un centre médical à Kharkiv, a annoncé la police régionale.
Les restes d'un des engins utilisés gisaient vendredi matin sur un carré de pelouse pelée, ont vu des journalistes de l'AFP, qui ont par ailleurs été les témoins de plusieurs vastes incendies provoqués par des frappes.
Le maire de Kharkiv, Ihor Terekhov, a dénoncé des bombardements russes "aveugles" et incessants sur sa ville, la deuxième d'Ukraine.
A Roubijné, une localité située près de Lougansk, deux personnes ont péri dans des attaques nocturnes, a déclaré le gouverneur de la région Serguiï Gaïdaï.
La nuit précédente, au moins quatre personnes dont deux enfants y étaient déjà mortes et les autorités ukrainiennes avaient accusé les Russes d'avoir employé des bombes au phosphore.
Interrogé sur ces accusations, le Kremlin a démenti toute violation du droit international.
Dans la région de Soumy (nord-est), les forces ukrainiennes "livrent des combats" pour reprendre la ville de Trostianets, a signalé le gouverneur Dmytro Jyvytsky.
Selon lui, les Russes ne retirent pas les corps de leurs soldats et ne permettent pas aux Ukrainiens de le faire. Dans les rues, des cadavres "traînent sur le sol et puent", a-t-il raconté.
Des dizaines de responsables, journalistes et militants ukrainiens ont été arbitrairement détenus par les forces russes ou ont disparu, a quant à elle dénoncé l'ONU.
- 135 enfants tués -
En un mois de guerre, a déploré le président Zelensky, des milliers d'Ukrainiens ont été tués, parmi lesquels 135 enfants, a précisé le parquet général.
Le conseiller de la présidence Oleksiï Arestovytch a révélé vendredi dans une vidéo qu'un général russe avait été tué près de Kherson, la seule ville majeure entièrement conquise par Russes.
L'Eglise orthodoxe russe a de son côté dit qu'un aumônier militaire avait trouvé la mort dans des tirs ukrainiens de roquettes sur un village en Russie, non loin de Kharkiv. C'est la première fois qu'une mort en territoire russe est rendue publique depuis le début de l'offensive.
Vendredi, le conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden, Jake Sullivan, a précisé que les Etats-Unis n'avaient "pas l'intention d'utiliser des armes chimiques, quelles que soient les circonstances".
La veille, à Bruxelles, où il a multiplié les sommets - Otan G7, UE -, le président américain avait promis pour la première fois une "réponse" de l'Otan si la Russie recourait en Ukraine à l'arme chimique, une menace qu'il avait jugée "crédible".
Les autorités russes ne cessent pour leur part de d'accuser les Occidentaux de mener une campagne russophobe, Vladimir Poutine comparant la déprogrammation en Europe et aux Etats-Unis d'artistes et d'événements culturels russes aux autodafés orchestrés par les nazis en Allemagne.
burx-edy-bds/uh/at
L.Janezki--BTB