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Ukraine: nouvelle tentative d'évacuer des civils de Marioupol
Une nouvelle tentative d'évacuer les nombreux civils bloqués dans la ville assiégée de Marioupol était en cours jeudi tandis qu'une rencontre entre chefs de diplomatie russe et ukrainien est envisagée prochainement, selon la Turquie.
Le gouvernement ukrainien prévoit d'envoyer 45 bus pour évacuer des civils, la Russie s'étant déclarée "prête à ouvrir l'accès aux convois humanitaires depuis Marioupol", en direction de la ville de Zaporojie, selon la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk.
Dix-sept bus sont déjà partis pour Marioupol depuis Zaporojie, à quelque 220 km au nord-ouest, a-t-elle précisé.
Marioupol, port stratégique sur la mer d'Azov, est assiégé et pilonné par les forces russes depuis fin février. Des personnes ayant réussi à quitter la ville et des ONG y ont décrit des conditions terribles, avec des civils terrés dans des caves privés d'eau, de nourriture et de toute communication, et des cadavres jonchant les rues. Quelque 160.000 civils y seraient encore bloqués.
Cette annonce intervient après que le ministère russe de la Défense a annoncé mercredi soir un "régime de silence", soit un cessez-le-feu local, à partir de 10H00 jeudi (07H00 GMT) à Marioupol.
Le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlüt Cavusoglu, a par ailleurs annoncé jeudi matin qu'une rencontre entre ses homologues russe, Sergueï Lavrov, et ukrainien, Dmytro Kouleba, pourrait avoir lieu "d'ici une ou deux semaines".
Il reste à ce stade "impossible d'avancer une date" ni un lieu, a-t-il ajouté dans un entretien télévisé.
- Conférence de donateurs -
Selon le ministère britannique de la Défense, "des combats intenses se poursuivent à Marioupol, objectif-clé pour les forces russes, mais les Ukrainiens conservent le contrôle du centre-ville".
L'activité militaire russe autour de la ville de Tcherniguiv dans le nord ne faiblit pas non plus en dépit de récentes annonces russes, note encore le ministère jeudi matin sur son compte Twitter.
"Les forces russes détiennent toujours des positions à l'est et à l'ouest de Kiev malgré le retrait d'un nombre limité d'unités. Des combats intenses vont probablement se dérouler dans les banlieues de la ville dans les prochains jours", avertit le ministère britannique.
Le Royaume-Uni organise jeudi une conférence de donateurs pour mobiliser davantage d'armes létales pour l'Ukraine, a indiqué mardi le ministère britannique de la Défense.
Selon la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), l'économie de l'Ukraine devrait se contracter de 20% cette année à cause de l'invasion du pays par la Russie, qui verra de son côté son PIB plonger de 10%.
A Kharkiv, grande ville proche de la frontière russe, de nombreux bombardements ont eu lieu durant la première partie de la nuit, a constaté l'AFP. Plusieurs missiles ont été tirés dans la nuit, selon une source au sein de la 92e brigade, l'une des unités qui défend la ville.
Les Russes "ne visent aucun objectif militaire, hier soir ce n'était que des bombardements d’artillerie de toutes sortes sur des zones résidentielles", a commenté cette source. Aucun bilan n'était disponible dans l'immédiat.
- "Accumulation de troupes" -
Tard dans la nuit de mercredi à jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait déclaré n'accorder aucune foi aux promesses de la Russie de réduire son dispositif militaire en direction de Kiev et indiqué que son armée se préparait à de nouveaux combats dans l'Est de l'Ukraine.
"Nous ne croyons personne, pas une seule belle phrase", a déclaré M. Zelensky dans une adresse vidéo à la nation. "Nous voyons aussi qu'il y a une accumulation de troupes russes pour de nouvelles frappes" dans la région du Donbass (est) "et nous nous y préparons", a-t-il insisté.
"Nous ne cèderons rien. Nous nous battrons pour chaque mètre de notre territoire", a-t-il lancé.
A court-terme, "on s'attend à ce que le feu sur les unités ukrainiennes s'intensifie", avec en ligne de mire "la mission d'assiéger la ville de Tcherniguiv", a relevé l'état-major de l'armée ukrainienne mercredi en fin de soirée dans son briefing publié sur Facebook.
Un conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur, Vadym Denysenko, a par ailleurs indiqué que "les Russes ont commencé à utiliser l'aéroport de Brest (situé au Bélarus, un pays limitrophe au nord de l'Ukraine, allié de Moscou, ndlr) pour bombarder nos territoires".
"La guerre continue. Pour l'instant, il n'y a à ma connaissance ni percée ni nouveauté", a également déclaré mercredi soir le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.
"Les négociations avec la délégation russe reprendront le 1er avril en ligne", a de son côté affirmé mercredi le négociateur en chef ukrainien, David Arakhamia, à la télévision.
- Poutine "mal informé" -
Alors que les affrontements se poursuivent sur le terrain, les services de renseignements américain et britannique ont décrit mercredi et jeudi un président russe "mal informé" sur le conflit, en froid avec son état-major et entouré de conseillers craignant de lui dire la vérité.
"Nous avons des informations selon lesquelles Poutine estime que l'armée russe l'a induit en erreur, ce qui a causé une tension persistante entre lui et son état-major", a dit mercredi la directrice de la communication de l'exécutif américain, Kate Bedingfield, lors d'un briefing de routine.
"Nous pensons que Poutine est mal informé (...) sur les mauvaises performances de l'armée russe et sur la sévérité de l'impact des sanctions sur l'économie russe parce que ses hauts conseillers ont peur de lui dire la vérité", a-t-elle encore déclaré.
Et Jeremy Fleming, directeur de l'agence britannique de cybersécurité (GCHQ), de renchérir: le président russe a "extrêmement mal évalué" l'invasion de l'Ukraine. Ses conseillers "ont peur de lui dire la vérité" sur sa stratégie de guerre "défaillante" en Ukraine, a-t-il déclaré jeudi dans un discours à l'Université nationale australienne de Canberra.
En cinq semaines de guerre, plus de quatre millions d'Ukrainiens ont été contraints de fuir leur pays, a annoncé le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) à Genève. L'Europe n'avait pas connu de tels flots de réfugiés depuis la deuxième guerre mondiale.
Au total, plus de dix millions de personnes, soit plus d'un quart de la population, ont dû quitter leur foyer.
burs-ahe/pop/pz
R.Adler--BTB