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Pakistan: le Premier ministre s'en prend aux Etats-Unis, le débat sur la motion de censure reporté
Le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, sous la menace d'une motion de censure, a accusé jeudi les Etats-Unis d'ingérence dans les affaires du pays, alors que l'ouverture des débats sur la motion a été reportée à dimanche.
Dans une adresse à la nation diffusée à la télévision, Irman Khan a semblé se tromper quand il a nommé les Etats-Unis comme étant à l'origine d'un "message" qui, selon lui, démontrerait une ingérence politique dans les affaires du Pakistan.
"L'Amérique a, heu..., pas l'Amérique, mais un pays étranger, que je ne peux pas nommer... Je veux dire, d'un pays étranger, nous avons reçu un message...", a-t-il déclaré.
Selon des médias locaux, le message en question serait une lettre de l'ambassadeur du Pakistan à Washington, dans laquelle ce dernier rapportait une conversation, enregistrée, avec un haut responsable américain, qui estimait que les relations seraient meilleures si le Premier ministre quittait ses fonctions.
"Ils disent que notre colère s'évanouira si Imran Khan perd ce vote de censure", a-t-il poursuivi.
Le Premier ministre avait déjà évoqué le sujet --en parlant d'une "puissance étrangère" sans la nommer --, dimanche lors d'un meeting rassemblant plusieurs milliers de ses partisans à Islamabad.
Jeudi soir, dans son adresse à la nation, parlant sans note, il a abordé plusieurs de ses sujets favoris, notamment ses efforts pour faire reconnaître l'islamophobie comme une menace mondiale, ou encore sa volonté d'établir une voie non alignée pour le Pakistan sur la scène mondiale.
- Défections -
Irman Khan a aussi défendu sa visite à Moscou effectuée le jour-même de l'invasion de l'Ukraine, et qui avait suscité le courroux de pays occidentaux.
"Même les dirigeants européens sont allés en Russie, mais on demande au Pakistan en particulier +Pourquoi y êtes-vous allé ?+, comme si nous étions leurs serviteurs", a-t-il lancé.
Se plaignant régulièrement des sacrifices demandés, selon lui, au Pakistan pour se joindre à la "guerre contre le terrorisme" lancée par les Etats-Unis au lendemain des attentats du 11 Septembre, et qui selon lui n'apportent ni reconnaissance ou récompense, il a demandé : "Est-ce que quelqu'un a dit +merci Pakistan+ pour ce que nous avons fait?".
Les débats sur la motion de censure devaient s'ouvrir ce jeudi, mais le vice-président de l'Assemblée a repoussé la date à dimanche, arguant du refus par des députés de traiter d'abord d'autres points de l'ordre du jour.
Pressenti pour devenir le prochain Premier ministre si Imran Khan est évincé, Shehbaz Sharif, président de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), l'un des deux principaux partis de l'opposition, a condamné cette suspension.
"Le vice-président a une fois de plus déshonoré le règlement en n'autorisant pas le débat sur ce point de l'ordre du jour", a-t-il déclaré aux journalistes devant le Parlement.
Accusé par ses opposants de mauvaise gestion économique -inflation galopante, roupie faible et dette écrasante-, et de maladresses en politique étrangère, Imran Khan, ancienne gloire nationale de cricket, est confronté à sa plus grave crise politique depuis son élection en 2018.
Le gouvernement doit aussi faire face à la menace accrue des talibans pakistanais du TTP (Tehreek-e-Taliban Pakistan), qui ont annoncé mercredi vouloir lancer une "offensive" contre les forces de sécurité, pour le début du ramadan.
Le PTI d'Imran Khan et ses alliés ne disposent plus de la majorité à l'Assemblée (qui compte 342 députés), après la défection de l'un d'entre eux, dont les sept membres ont annoncé leur intention de voter la censure.
Plus d'une dizaine de députés du PTI vont également voter pour.
Les deux principales formations de l'opposition, le Parti du peuple pakistanais (PPP) et la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), ont dominé la politique nationale pendant des décennies, avec des périodes de pouvoir ponctuées de coups d'État militaires, jusqu'à ce qu'Imran Khan forge une coalition en promettant notamment aux électeurs de balayer des décennies de corruption.
Certains analystes disent qu'Imran Khan a également perdu le soutien crucial de l'armée, clef du pouvoir politique pakistanais.
Depuis l'indépendance en 1947, le Pakistan a connu quatre coups d'État militaires, et au moins autant de coups d'État infructueux, et le pays a passé plus de trois décennies sous le régime de l'armée.
I.Meyer--BTB