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Barnier livre les contours d'un gouvernement "prêt à agir" de 38 ministres
Sans livrer de noms de ministres, Michel Barnier a donné un vif coup d'accélérateur jeudi à la formation de son gouvernement, qu'il devait évoquer avec le président Emmanuel Macron dans la soirée et pourrait présenter dès vendredi. Son équipe devrait comprendre 38 ministres, dont 16 de plein exercice.
Michel Barnier proposera au chef de l'Etat "un gouvernement prêt à agir au service des Français", a assuré Matignon.
Auparavant, le premier ministre a exposé l'architecture de son équipe et les grandes lignes de son action à venir lors d'une réunion présentée comme décisive jeudi à Matignon avec les forces politiques susceptibles d'y participer.
Michel Barnier avait mis la pression sur ses partenaires, qui faisaient monter les enchères et qu'il a réunis pendant près de deux heures à Matignon, en assurant qu'il s'agissait des "dernières" consultations pour la formation "rapide" d'un gouvernement.
Alors qu'il peine à trouver des personnalités de gauche, auprès desquelles il a essuyé plusieurs refus, seul un "divers gauche" figure parmi ces ministres de plein exercice.
Il a aussi apporté des précisions sur les sujets qui avaient nourri des tensions avec ses partenaires. Le chef du gouvernement a affirmé qu'il n'augmenterait pas les impôts pour les classes moyennes, selon plusieurs participants.
Cet engagement sur la fiscalité est "vital pour nous", a déclaré Gabriel Attal. Les députés macronistes avaient menacé de ne pas participer à un gouvernement prévoyant des hausses d'impôts malgré le dérapage de la dette et des déficits et la délicate préparation du budget 2025.
Michel Barnier a également confirmé à ses interlocuteurs qu'il prononcerait le 1er octobre sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale.
- "Responsabilité" -
Sur l'immigration, autre dossier délicat, Michel Barnier a souhaité mettre en oeuvre le Pacte européen sur la migration et l'asile, selon un participant.
Michel Barnier, qui avait promis un gouvernement avant la fin de la semaine, doit encore avoir des échanges bilatéraux sur des points évoqués lors de la rencontre, selon la même source.
Michel Barnier avait aussi rencontré jeudi matin séparément la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, puis le président du Sénat, Gérard Larcher.
Un échange téléphonique était prévu avec les élus du groupe centriste Liot, actuellement rassemblés en Corse.
"Il y a eu plutôt un esprit de responsabilité, un soutien au Premier ministre et surtout la volonté d'apporter des réponses", a résumé un participant.
Deux semaines après sa nomination à Matignon, les embûches ont continué pourtant à s'accumuler pour Michel Barnier.
Des tiraillements ont notamment pointé au sommet de l’exécutif, lors d'un déjeuner mardi entre Emmanuel Macron et Michel Barnier qui, selon les récits qui filtrent, se serait mal passé.
Un proche du chef de l'Etat a rappelé que la tâche assignée au Premier ministre était "d'aller vers l'union nationale et de respecter les équilibres".
Mais "le compte n'y était pas" pour le président, selon un cadre de son camp. Il aurait signifié à Michel Barnier que la droite ne pouvait pas avoir deux gros postes comme les Finances et l'Intérieur, seulement l'un ou l'autre, agaçant son interlocuteur, rapporte un cadre de LR.
- "Petites phrases" -
Ce n'était "qu'une première liste, la base d'une négociation", a tempéré le porte-parole des députés LR, Vincent Jeanbrun jeudi sur BFMTV/RMC.
"Sur les noms évoqués" ainsi que "sur l'équilibre des sensibilités, cela ne représente en rien le projet de gouvernement souhaité" par Michel Barnier, a précisé Matignon mercredi soir.
Michel Barnier "veut faire un gouvernement RPR" et "il y a des résistances" dans la majorité, mais "pas tant de Macron" qui "ne veut pas de crise" et pourrait valider l'équipe, croit alors savoir un ténor de la majorité.
Le camp macroniste "invente l'idée selon laquelle LR voudrait tout, mais ce n’est pas du tout le style de Barnier. Je suis persuadé qu’il va faire une proposition raisonnable et responsable", décryptait avant la réunion une source sénatoriale LR.
Face aux revendications des uns et des autres, le Premier ministre avait expliqué avoir découvert une "situation budgétaire très grave" qui mérite "mieux que des petites phrases".
Le calendrier a été grandement retardé cette année par la dissolution et la nomination très tardive d'un Premier ministre.
Matignon a transmis finalement jeudi aux commissions des Finances de l'Assemblée nationale et du Sénat "les documents budgétaires élaborés par le gouvernement démissionnaire" en vue du projet de loi de Finances pour 2025. Ces documents sont, en temps normal, disponibles durant l'été.
L.Dubois--BTB