Berliner Tageblatt - Prendre l'avion depuis Beyrouth: mission quasi-impossible

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Prendre l'avion depuis Beyrouth: mission quasi-impossible
Prendre l'avion depuis Beyrouth: mission quasi-impossible / Photo: © AFP

Prendre l'avion depuis Beyrouth: mission quasi-impossible

Annulations par dizaines, prix exorbitants... Trouver un billet d'avion au départ de Beyrouth est devenu un véritable parcours du combattant, la plupart des compagnies aériennes ayant supprimé leurs vols en raison des frappes israéliennes sur le Liban.

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La compagnie nationale, MEA, assure désormais la majorité des liaisons aériennes, avec quelques rares compagnies comme Iraki Airways, Ethiopian Airlines et la compagnie low-cost turque Pegasus.

"Mon vol prévu lundi prochain en direction d'Istanbul a été annulé, j'essaye d'en trouver un autre", raconte à l'AFP Gilbert Medaouar, 32 ans, dans l'espoir de pouvoir attraper ensuite un avion pour le Portugal où il doit participer à un congrès.

"Je ne trouve pas", se désole cet ingénieur agricole. Ce voyageur aguerri -près de trois fois par mois, dit-il-, avait réservé sur la compagnie Turkish airlines, réputée pour n'annuler qu'en cas de force majeure.

Mais le seul vol disponible n'est que dans six jours, dernier jour de son congrès.

Le tableau d'affichage du site internet de l'aéroport de Beyrouth annonce l'annulation de dizaines de vols à l'arrivée ou au départ de la capitale libanaise.

- 1.300 dollars -

"Cette semaine, les seuls vols au départ de Beyrouth sont pleins ou à des prix exorbitants", observe M. Medaouar.

Il s'inquiète aussi, s'il part, de ne pas pouvoir revenir au Liban, où se trouve sa famille. Depuis le début de la semaine, Israël pilonne le sud et l'est du pays mais aussi la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah libanais.

Ces frappes d'une intensité inédites visent les fiefs du Hezbollah, qui a réactivé le front à la frontière avec Israël après le 7 octobre et le début de la guerre à Gaza, en "soutien" à son allié palestinien Hamas.

L'aéroport, situé près de la banlieue sud de la capitale libanaise, continue de fonctionner, mais tourne quasiment à vide en raison des craintes d'une guerre ouverte.

Haytham Chamass, réalisateur, enchaîne les difficultés depuis que son vol direct vers Bucarest a été annulé par la compagnie roumaine, Tarom.

Il venait de décrocher un contrat en Roumanie.

"Si je reste bloqué au Liban, je vais le perdre", dit ce Libanais qui subvient seul aux besoins de sa famille.

Après deux jours d'attente, une agence de voyages lui a proposé un vol pour Istanbul opéré par la compagnie libanaise MEA, avec une connexion pour Bucarest, lui laissant une demi-heure pour se décider.

"Ca m'a stressé mais je l'ai acheté pour ne pas rater ma chance", lâche-t-il agacé.

Le vol proposé à M. Chamass, un aller-retour, en classe affaire, lui a coûté environ 1.300 dollars, une somme considérable dans un pays rongé par la crise.

- 'Un yacht vous attend!' -

"Nous opérons chaque jour entre trois et cinq vols supplémentaires vers de nombreuses destinations", dont Paris, Istanbul et Dubaï, assure à l'AFP Antoine Tabbal, directeur commercial de MEA.

"La demande surpasse largement le nombre de sièges disponibles", explique-t-il, assurant que cela créé une véritable "crise".

"La demande a explosé alors que l'offre s'est réduite comme peau de chagrin", explique le président du syndicat des agences de voyage et de tourisme, Jean Aboud.

"Des centaines d'agences de voyage surveillent l'ouverture de nouveaux vols, et dès qu'elles en repèrent un elles réservent tous les siège en dix minutes", dit-il à l'AFP.

Face à cette situation, les voyageurs se rabattent vers la route ou la mer.

Certains optent pour un trajet en bus de Beyrouth à Amman via la Syrie, d'une durée d'environ 12 heures, proposé par une agence de voyages pour un prix variant entre 65 et 125 dollars. Les plus fortunés préfèrent prendre la mer pour Chypre, à quelque 200 km des côtes libanaises.

Un voyage en yacht de cinq heures entre le port de Dbayeh, au nord de Beyrouth, et Ayia Napa, à Chypre coûte en moyenne 1.200 dollars.

Un prix justifié pour Pierre Abi Saad, directeur de Lebanon Boating Company, en raison "des coûts plus élevés d'exploitation des yachts", liés au nombre limité de passagers et au prix du carburant.

"Douze yachts, transportant chacun entre 9 et 14 passagers" ont navigué cette semaine, dit-il.

Une alternative promue sur les réseaux sociaux.

Sur TikTok, un utilisateur, debout devant un yacht, lance "Pas d'avion? Un yacht vous attend!".

E.Schubert--BTB