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Première frappe israélienne contre le Hezbollah, au deuxième jour de trêve
L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir mené une frappe aérienne contre une installation du Hezbollah dans le sud du Liban, la première depuis le début, la veille, d'une trêve encore fragile.
L'armée libanaise a commencé à déployer troupes et blindés dans le sud du Liban, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah, et dont elle doit veiller à la délicate application.
Dès son entrée en vigueur mercredi à 02H00 GMT, des dizaines de milliers d'habitants déplacés se sont précipités pour rentrer chez eux, dans le sud, la banlieue sud de Beyrouth et l'est du Liban, des bastions du Hezbollah.
L'armée israélienne a cependant imposé un couvre-feu entre 17H00 jeudi et 7H00 vendredi dans le sud du Liban, après avoir dit avoir "ouvert le feu" en direction de "suspects (...) ne respectant pas les conditions du cessez-le-feu".
Jeudi, un avion de chasse a visé "une zone forestière non accessible aux civils" dans la ville de Baïssariyé, a déclaré à l'AFP Nazih Eid, le maire de cette localité libanaise.
L'armée israélienne a indiqué avoir "identifié une activité terroriste" dans une installation utilisée selon elle par le Hezbollah "pour stocker des roquettes de moyenne portée dans le sud du Liban", et avoir "déjoué la menace" par une frappe aérienne.
Elle a ajouté que ses forces "restaient dans le sud du Liban et agissaient pour faire respecter" la trêve.
Des tirs israéliens ont par ailleurs fait deux blessés dans le village de Markaba, dans le sud du Liban, selon l'agence de presse officielle libanaise Ani.
L'armée libanaise poursuit pendant ce temps son déploiement dans le sud du Liban dans les régions frontalières, "mène des patrouilles et installe des barrages de contrôle", a indiqué jeudi une source militaire à l'AFP, précisant que les soldats ne "s'avancent pas dans les secteurs où l'armée israélienne se trouve encore".
Dans le village chrétien de Qlaaya, des soldats libanais ont été accueillis mercredi soir par des habitants en liesse qui leur ont lancé des fleurs et du riz.
"Nous ne voulons au Liban que l'armée libanaise", scandait la foule.
Le Parlement a prolongé jeudi d'un an le mandat du commandant en chef de l'armée, Joseph Aoun, qui devait prendre sa retraite en janvier.
- "Prêts à faire face" à Israël -
L'accord de cessez-le-feu vise à mettre fin au conflit meurtrier enclenché en octobre 2023 entre Israël et le Hezbollah, mouvement armé allié de l'Iran, qui a déplacé 900.000 personnes au Liban et 60.000 dans le nord d'Israël.
Le Hezbollah avait ouvert un front "de soutien" au Hamas contre Israël au début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien.
Selon les autorités libanaises, au moins 3.961 personnes ont été tuées depuis octobre 2023, la plupart depuis fin septembre. Côté israélien, 82 militaires et 47 civils sont morts en 13 mois, selon les autorités.
Parrainé par les Etats-Unis et la France, l'accord de cessez-le-feu prévoit le retrait dans un délai de 60 jours de l'armée israélienne du Liban.
Le Hezbollah doit aussi se replier jusqu'au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière, et démanteler son infrastructure militaire dans le sud du Liban.
Ces dispositions s'appuient sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU qui avait mis fin en 2006 à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah.
L'accord inclut un soutien technique américain et français à l'armée libanaise, dont la mission s'annonce difficile.
Israël a dit se réserver "une totale liberté d'action militaire" au Liban, "si le Hezbollah viole l'accord et tente de se réarmer".
Le Hezbollah a proclamé mercredi sa "victoire", affirmant que ses combattants "resteront totalement prêts pour faire face (...) aux attaques de l'ennemi israélien". Bien que décapité par les frappes israéliennes, le mouvement chiite reste un acteur incontournable au Liban.
Le Hezbollah "ne peut pas se transformer en un parti purement politique, car toute sa légitimité et son influence sont enracinées dans son rôle de mouvement de résistance armée", juge Imad Salamey, qui dirige le département d'études internationales et politiques à l'Université libano-américaine (LAU). Mais il pourrait faire preuve de "plus de flexibilité".
Le mouvement pourrait ainsi débloquer l'élection d'un président dont le Liban est privé depuis plus de deux ans du fait des rivalités politiques. Le Parlement a décidé jeudi de se réunir le 9 janvier pour cette élection, selon l'Ani.
- La vie reprend doucement -
Les habitants du sud ont continué jeudi dans un flux incessant à rentrer dans leurs villes et villages dévastés.
Dans la ville portuaire de Tyr, des pêcheurs attendaient un feu vert de l'armée pour reprendre la mer.
"Quand il y a eu l'escalade, nous avons totalement arrêté de travailler et avons été menacés par les Israéliens", a expliqué l'un d'entre eux, Madhi Istanbuli.
Dans la banlieue sud de Beyrouth, Ali Mohammad Abbas est venu se recueillir sur la tombe de son frère, dans un cimetière dévasté par les bombes israéliennes. "J'attendais le cessez-le-feu", dit cet habitant de la Bekaa, dans l'est, qui n'a pas pu venir aux obsèques "car les routes n'étaient pas sûres".
Un peu plus loin, Ahmad Aki Mansour se réjouit de la reprise des affaires de son commerce ambulant de légumes. D'autant qu'il va falloir reconstruire: "les maisons de mes trois fils ont été détruites", dit-il.
W.Lapointe--BTB