Berliner Tageblatt - "La Roumanie d'abord", les accents trumpiens de Georgescu

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"La Roumanie d'abord", les accents trumpiens de Georgescu
"La Roumanie d'abord", les accents trumpiens de Georgescu / Photo: © AFP

"La Roumanie d'abord", les accents trumpiens de Georgescu

Propulsé du jour au lendemain dans la lumière, le candidat d'extrême droite à la présidentielle roumaine Calin Georgescu a remisé au placard ses déclarations les plus polémiques pour une unique devise: "la Roumanie d'abord", dans un style trumpien.

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A quelques jours du second tour, où il affrontera une maire centriste, Elena Lasconi, le sexagénaire martèle son programme nationaliste et esquive conférences de presse et questions qui fâchent.

Son modèle: le président américain élu Donald Trump. "Je suis à 100% pour Trump", a-t-il dit cette semaine dans les médias. "Je partage son état d'esprit", son "pragmatisme", sa "vision".

"Tout comme il a placé l'Amérique en premier, la Roumanie doit être la première", détaille-t-il, interrogé par le site d'informations Politico.

Quand on lui demande s'il est prorusse, il répond qu'il est "proroumain", éludant les questions sur l'admiration qu'il a affichée par le passé pour Vladimir Poutine et "la sagesse russe", et préfère brandir "l'importance du partenariat avec les Etats-Unis".

Quant à l'UE et l'Otan, cet ex-haut fonctionnaire assure ne pas vouloir en sortir mais fustige le double standard entre les différents Etats membres. Avec lui, la Roumanie "gardera la tête haute et ne se mettra pas à genoux" devant les diktats de l'extérieur.

En juin pourtant, il estimait que l'alliance atlantique était "la plus faible de la planète". "Pourquoi rester dans un club qui n'offre aucune sécurité"?, lançait-il.

- Protectionnisme -

Depuis son arrivée surprise en tête du premier tour de la présidentielle le 24 novembre, Calin Georgescu pèse chacun de ses mots, soucieux de rassembler.

Loin de l'anonymat du premier tour, impeccable dans son costume, il a voté lors des législatives dimanche devant une nuée de caméras aux côtés de sa femme naturopathe.

Face aux attaques de ses adversaires, "il modifie son discours", commente pour l'AFP le politologue Radu Magdin. Et pour faire oublier ses sympathies prorusses, "il joue la carte Trump".

Comme le milliardaire, il prône la "paix" en Ukraine et s'oppose à toute aide militaire, refusant d'être "entraîné dans un conflit qui n'est pas le nôtre".

Même similitude sur le volet économique: cet ingénieur agronome se fait le chantre du protectionnisme, promettant de revenir sur les privatisations douteuses de l'ère post-communiste.

"Quand aujourd'hui je paie l'eau, je paie une compagnie française (...). Je paie aussi une compagnie étrangère pour le gaz. Idem pour l'électricité et l'essence", s'est-il offusqué.

Comme Trump encore, il relaie régulièrement de fausses informations, du Covid-19 au changement climatique. Et a d'ailleurs préfacé l'édition roumaine du dernier livre de Robert F. Kennedy Jr, un adepte des théories du complot à qui le républicain veut confier les clés du ministère de la Santé.

- "Magnétisme" -

Enfin, lui aussi évoque Dieu et se dit victime d'une cabale alors que les autorités l'ont accusé d'avoir bénéficié d'un "traitement préférentiel" sur les réseaux sociaux, où ses vidéos ont été vues des millions de fois.

"Ce n'est pas TikTok qui a voté, ce sont des gens en chair et en os", réagit-il. La plateforme a démenti les allégations.

Parmi les électeurs interrogés par l'AFP, beaucoup évoquent son image "d'homme sérieux et patriote, capable d'apporter du changement", ses valeurs "familiales".

Les nombreux indécis, déçus et se sentant abandonnés par les partis traditionnels dans un contexte économique difficile, ont vu en lui "un sauveur", selon les experts.

"Il parle comme dans les vieux films roumains, avec une voix grave et des mouvements lents", dégageant un certain "magnétisme", décrit Radu Magdin.

Calin Georgescu a débuté sa carrière en 1992 au sein du ministère de l'Environnement avant de rejoindre celui des Affaires étrangères. Il a aussi effectué des missions au sein d'agences de l'Onu à Vienne et Genève.

Son nom est apparu comme possible Premier ministre dans les années 2010. Mais c'est dix ans plus tard qu'il a véritablement surgi sur la scène publique, profitant de la pandémie de Covid-19 pour diffuser un récit conspirationniste.

Un temps lié au parti d'extrême droite AUR - dont le candidat George Simion le soutient au second tour -, il en a été écarté après des prises de position jugées antisémites et trop radicales.

Avant de "ressentir" il y a un an et demi un appel à devenir président, raconte-t-il.

H.Seidel--BTB