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Accord UE-Mercosur: sommet clé avec von der Leyen à Montevideo, signature "inacceptable" pour Macron
Ursula von der Leyen est attendue jeudi à Montevideo au sommet des pays du Mercosur où pourrait être signé l'accord de libre-échange avec l'UE en discussions depuis plus de 20 ans. Avant son arrivée, Emmanuel Macron lui a "redit" qu'une signature est "inacceptable en l'état".
"Atterrissage en Amérique latine. La ligne d'arrivée de l'accord UE-Mercosur est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la", a écrit sur X la présidente de la Commission européenne qui a fait une escale a Sao Paulo, au Brésil.
Selon l'UE à Montevideo, elle doit donner vendredi (09H30 locales, 12H30 GMT) une conférence de presse conjointe avec les présidents de l'Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l'Uruguay, membres fondateurs du Mercosur. Cette journée de réunion des chefs d'État de ce 65e sommet espère être celle de l'officialisation de l'accord discuté depuis 1999.
Emmanuel Macron a "redit" jeudi à Mme von der Leyen que le projet d'accord commercial était "inacceptable en l'état", a affirmé l'Elysée. "Nous continuerons de défendre sans relâche notre souveraineté agricole", a ajouté la présidence française sur X.
Pour le président du Rassemblement national Jordan Bardella, "la présence en Uruguay" de la présidente de la Commission européenne "qui se vante d'accélérer la finalisation de l'accord avec le Mercosur est une véritable provocation".
"La France doit clairement dire qu'elle n'acceptera jamais cet accord !", a renchéri le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard.
- "Profits des entreprises"-
Le projet de traité vise à supprimer la majorité des droits de douane entre l'Union européenne et le Mercosur afin de créer un vaste marché de plus de 700 millions de consommateurs.
Il s'agirait du "plus grand partenariat commercial et d’investissement jamais vu. Les deux régions en tireront profit", a affirmé Mme von der Leyen, attendue en début d'après-midi dans la capitale uruguayenne.
Un accord politique avait été conclu en juin 2019, mais jamais ratifié en raison des réticences de plusieurs pays, dont la France. Les détails n'ont jamais été dévoilés.
Une large majorité des Etats membres de l'UE, Allemagne et Espagne en tête, font désormais pression pour conclure la négociation au plus vite.
L'accord permettrait à l'UE, déjà premier partenaire commercial du Mercosur, d'exporter plus facilement ses voitures, machines et produits pharmaceutiques.
De l'autre côté, il permettrait aux pays sud-américains concernés d'écouler vers l'Europe de la viande, du sucre, du riz, du miel, du soja...
En Europe, les partisans de l'accord soulignent le besoin de débouchés pour les exportateurs et la nécessité de ne pas laisser le champ libre à la Chine, rival avec qui les relations commerciales se sont considérablement tendues.
Une nécessité d'autant plus pressante avec le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump, qui menace d'imposer des droits de douanes sur des produits européens.
Mais de nombreuses ONG et militants de gauche estiment que la création de cette vaste zone de libre-échange accélérerait la déforestation en Amazonie et aggraverait la crise climatique en augmentant les émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace dénonce un texte "désastreux" pour l'environnement, sacrifié pour privilégier "les profits des entreprises".
- Signature n'est pas ratification -
Outre le respect des Accords de Paris sur le climat, le président Macron réclame la protection des agriculteurs européens, déjà en difficulté et qui ont été nombreux à manifester ces derniers mois.
Le Premier ministre polonais Donald Tusk lui a emboîté le pas fin novembre, affirmant qu'il n'accepterait pas le projet "sous cette forme".
Paris pourra-t-il réunir suffisamment d'alliés pour freiner une nouvelle fois l'accord UE-Mercosur au moment où la France semble affaiblie politiquement avec la chute du gouvernement de Michel Barnier et l'absence de majorité claire au Parlement ?
En vertu des traités européens, la Commission est seule négociatrice des accords commerciaux au nom des Vingt-Sept. Mais une fois un éventuel texte signé avec les pays du Mercosur, elle devra obtenir sa ratification en gagnant l'approbation d'au moins 15 États membres représentant 65% de la population de l'UE, puis en réunissant une majorité au Parlement européen.
C'est loin d'être acquis. L'Italie pourrait rejoindre le front du refus, tout comme l'Autriche ou les Pays-Bas qui ont déjà exprimé leurs réticences. Le ministre italien de l'Agriculture Francesco Lollobrigida a rejeté le projet mi-novembre, en exigeant que les agriculteurs sud-américains soient soumis aux mêmes "obligations" que ceux de l'UE.
"Le texte n'est toujours pas satisfaisant", a déclaré cette semaine à l'AFP une source gouvernementale italienne.
Pour empêcher l'adoption du texte, la France a besoin de rallier trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l'UE, un seuil qui serait aisément franchi avec l'appui de Rome et Varsovie.
W.Lapointe--BTB