Berliner Tageblatt - Les Syriens en quête de leurs disparus après la chute de Bachar al-Assad, liesse à Damas

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Les Syriens en quête de leurs disparus après la chute de Bachar al-Assad, liesse à Damas
Les Syriens en quête de leurs disparus après la chute de Bachar al-Assad, liesse à Damas / Photo: © AFP

Les Syriens en quête de leurs disparus après la chute de Bachar al-Assad, liesse à Damas

Dans les prisons et sur les réseaux sociaux, de nombreux Syriens cherchent lundi leurs proches happés par des décennies de féroce répression, au lendemain de la chute de Bachar al-Assad sous la poussée d'une fulgurante offensive rebelle, fêtée dans la liesse à Damas.

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Après ce tournant historique pour la Syrie, qui met fin à un demi-siècle de règne sans partage du clan Assad, le groupe de secours des Casques blancs a entamé d'intenses fouilles dans la prison de Saydnaya, symbole des pires exactions du pouvoir déchu, aux abords de la capitale.

Invoquant l'existence de "cellules souterraines cachées", il a précisé y avoir déployé "des unités de recherche et de sauvetage, des spécialistes de l'abattage des murs, des équipes chargées d'ouvrir les portes en fer, des unités canines entraînées et des intervenants médicaux".

Sur les réseaux sociaux, des Syriens partagent des photos de prisonniers déjà libérés au fil de l'avancée rebelle, dans un effort collectif pour réunir les familles.

A Damas, des habitants en liesse sont rassemblés sur la place des Omeyyades, après la levée du couvre-feu nocturne imposé par la coalition rebelle.

"C'est indescriptible, on ne pensait pas que ce cauchemar allait se terminer, on renaît", s'enthousiasme Rim Ramadan, 49 ans, employée du ministère des Finances, sur fond de tirs de joie nourris et de klaxons.

- "Eviter représailles et vengeance" -

Le président déchu, qui a dirigé d'une main de fer la Syrie pendant 24 ans, a fui dimanche face à l'offensive insurgée dirigée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) de Abou Mohammad al-Jolani.

Le Kremlin s'est refusé lundi à confirmer sa présence à Moscou, annoncée par les agences russes.

Au moins 910 personnes, dont 138 civils, ont été tuées pendant les combats lancés le 27 novembre, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"Cette victoire est un triomphe (...) pour toute la communauté musulmane", "la Syrie a été purifiée", a lancé dimanche Abou Mohammad al-Jolani dans la mosquée historique des Omeyyades, après s'être prosterné sur une pelouse à son entrée à Damas.

Le groupe HTS est l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda qui dit avoir rompu avec le jihadisme, sans réellement convaincre les chancelleries occidentales.

Plus tôt, le chef rebelle - Ahmed al-Chareh de son vrai nom - avait demandé à ses combattants de rester à l'écart des institutions publiques jusqu'à la "passation officielle".

Lundi, seule une minorité de commerces avait rouvert à Damas, où les institutions publiques, écoles comprises, sont fermées. Un correspondant de l'AFP a vu des combattants de HTS déployés autour de la Banque centrale de Syrie.

De la fumée se dégageait encore du quartier central abritant des services de sécurité, incendiés la veille. La résidence du président déchu et son palais présidentiel ont aussi été saccagés.

"Toute transition politique doit veiller à ce que les auteurs de violations graves répondent de leurs actes", a affirmé l'ONU demandant que "toutes les mesures" soient prises pour "assurer la protection de toutes les minorités et éviter les représailles et les actes de vengeance".

- Frappes israéliennes -

A la demande de la Russie, principal allié du pouvoir déchu, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit en urgence lundi à huis clos sur la Syrie. Le Kremlin a jugé lundi "nécessaire" de discuter avec les futures autorités de ses bases en Syrie.

La Turquie, qui soutient des groupes rebelles et accueille des millions de réfugiés syriens, a elle appelé à la "formation d'un gouvernement inclusif".

La France a affirmé lundi qu'elle conditionnera son soutien à la transition politique au "respect" des droits des femmes, des minorités et du droit international.

A Alep, deuxième ville du pays, conquise comme d'autres grandes cités avant Damas par les insurgés, la vie reprend sous le contrôle du "gouvernement de salut" mis en place dans le fief rebelle d'Idleb (nord-ouest) depuis 2017.

"L'eau et l'électricité ont été rétablis", salue Disbina Bidouri, une femme au foyer de 61 ans. "Il est désormais très facile d'avoir du pain", que des "jeunes gens distribuent", dit-elle.

Le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, a pour sa part confirmé que son pays avait attaqué ces derniers jours des dépôts militaires, notamment "d'armes chimiques", en Syrie, pour éviter leur prise par les rebelles.

Il a aussi qualifié de "mesure limitée et temporaire" l'avancée la veille des troupes israéliennes en Syrie dans la zone tampon à la lisière de la partie du plateau du Golan occupée et annexée par Israël.

Selon l'OSDH, 11 civils ont par ailleurs été tués dans une frappe de drone turc dans un village du nord de la Syrie dans un secteur sous administration kurde, où des combattants kurdes syriens tentent de repousser des attaques de groupes armés soutenus par Ankara.

L.Dubois--BTB