- L'effet Mazan: vague d'appels à la plateforme nationale sur la soumission chimique
- A Kaboul, les logements victimes collatérales du plan d'urbanisme taliban
- Renoncer au charbon, le très ambitieux pari de l'Indonésie
- Le discounter Action, succès foudroyant et conditions de travail pointées du doigt
- La BCE se prépare à une nouvelle baisse des taux
- L'Australie veut obliger les Gafam à payer pour les contenus médias qu'ils relaient
- Trump nomme à la tête de Voice of America une fidèle niant le résultat de l'élection de 2020
- Journalistes tués en 2024: Israël doublement mis en cause
- Au Pakistan, les violences sunnites-chiites traversent décennies et frontières
- Corée du Sud: menacé de destitution, Yoon dit vouloir "se battre jusqu'à la dernière minute"
- Des mobilisations jeudi partout en France pour sauver emplois et industrie
- Jeux vidéo: les salariés d'Ubisoft et Don't Nod en grève contre les licenciements
- Macron attendu à Varsovie pour un renforcement du soutien à l'Ukraine
- Gaza: l'Assemblée générale de l'ONU réclame un cessez-le-feu immédiat et "inconditionnel"
- C1: avec un doublé, Ferran Torres propulse Barcelone à la 2e place
- C1: Lille assure, Monaco trébuche à Arsenal, la Juve assomme City
- C1: Monaco fauché à Arsenal (3-0) et sorti du Top 8
- Brésil: Lula va subir une nouvelle intervention pour éviter des hémorragies dans le crâne
- Musk premier homme à posséder une fortune de plus de 400 milliards de dollars
- Le directeur du FBI va démissionner avant l'investiture de Trump
- Apple met à jour son iPhone avec l'IA générative de ChatGPT
- Malibu reste sous la menace des flammes, des milliers de personnes évacuées
- Géorgie: nouvelles manifestations à Tbilissi, à trois jours de la présidentielle
- A Kaboul, un ministre taliban tué dans un attentat suicide de l'EI
- Ligue des champions: Lille se sort du piège Sturm Graz (3-2) et fonce vers la qualification
- JO-2024: les émissions de CO2 divisées par deux par rapport aux éditions précédentes
- "Aucune blessure" sur Morgane, le suspect déjà poursuivi pour "soustraction de mineure"
- En Syrie, le drapeau de l'indépendance reprend du service
- John Galliano quitte la discrète Maison Margiela, son refuge depuis dix ans
- John Galliano annonce son départ de Maison Margiela
- Morgane retrouvée: "Aucune lésion", "aucune blessure" sur la collégienne
- Pour Trump, un gouvernement 2.0 où loyauté et richesse rivalisent avec controverses
- Rugbymen jugés pour viol collectif: le principal accusé demande pardon à la victime
- La Bourse de Paris rassurée par l'inflation américaine, avant la réunion de la BCE
- En France, la mobilisation des agriculteurs fléchit sur le terrain
- L'épidémie de grippe se propage dans de nouvelles régions de France, celle de bronchiolite s'amplifie
- USA: les supermarchés Albertsons et Kroger à couteaux tirés après l'échec de leur union
- Plus des trois quarts des salariés à temps partiel sont des femmes
- Amsterdam: Deux ans de prison requis pour avoir battu des supporteurs israéliens
- Moscou promet "une réponse" à l'attaque de Kiev avec des missiles américains
- Les Bourses européennes rassurées par l'inflation américaine
- L'inflation remonte aux États-Unis pour le deuxième mois d'affilée
- Livraisons de repas : les plateformes discutent pour la première fois d'une rémunération au kilomètre
- Google annonce l'arrivée de Gemini 2.0, son nouveau modèle d'IA générative
- L'ONU demande 4 milliards USD pour l'aide dans les territoires palestiniens pour 2025
- Des agriculteurs en colère bloquent le centre de Dijon
- Génocide au Rwanda: non-lieu confirmé en appel dans l'enquête sur l'armée française à Bisesero
- Syrie: le nouveau Premier ministre s'engage à respecter toutes les communautés
- Allemagne: Scholz en route vers un sabordage et des législatives anticipées
- Ukraine : le bilan de la frappe russe sur Zaporijjia grimpe à neuf morts
Au Pakistan, les violences sunnites-chiites traversent décennies et frontières
De nouveau, Ali Ghulam reçoit des condoléances. En 1987, son frère était tué dans des violences entre sunnites et chiites; aujourd'hui, elles viennent d'emporter son neveu, dans le nord-ouest du Pakistan qui, dit-il, n'a "jamais connu la paix".
Depuis juillet, de sources concordantes, 212 personnes ont été tuées dans le district de Kourram. Pourquoi? Pour des querelles foncières anciennes qu'une myriade d'accords soutenus par dignitaires tribaux, politiciens et militaires étaient censés résoudre.
Mais qui, depuis des décennies, ont été bafoués sans que l'Etat fédéral comme la province du Khyber-Pakhtunkhwa soient capables d'enrayer la violence.
Pire, l'attaque qui a relancé les violences le 21 novembre les visait aussi: ce jour-là, une dizaine d'assaillants mitraillaient deux convois de familles chiites... escortées par la police.
Gulfam Hussain, le neveu d'Ali Ghulam, était dans ce convoi. Ce Pakistanais de 42 ans attendait depuis des jours que les routes rouvrent à Kourram, une pointe dans la frontière pakistanaise qui mord sur l'Afghanistan.
- "Aucune confiance en l'Etat" -
Les axes routiers avaient été coupés parce qu'encore une fois des combats --à l'arme lourde et aux obus-- avaient éclaté entre chiites et sunnites.
En près de 40 ans, Ali Ghulam y a perdu un frère et un neveu et trois de ses frères ont été blessés.
"Je n'ai jamais connu la paix", assure ce chiite de 72 ans, "et je n'ai pas grand espoir pour ma descendance parce que je n'ai aucune confiance en l'Etat".
Avant, rapporte Akbar Khan, de la Commission des droits de l'Homme du Pakistan (HRCP), "l'Etat soutenait les jirgas et ces conseils tribaux donnaient des résultats".
"Mais aujourd'hui, il ne paie plus les frais nécessaires à leur convocation" car les responsables, pris dans les soubresauts de la politique à Islamabad, ne "prennent pas les violences au sérieux", accuse-t-il.
Mais à Kourram, grand comme 32 fois Paris, autorités et forces de sécurité marchent sur des oeufs.
Le district, comme six autres districts voisins, n'a été officiellement rattaché à une province pakistanaise qu'en 2018.
Avant, sous le nom de "zones tribales sous administration fédérale", il bénéficiait d'un statut particulier où les institutions publiques s'effaçaient devant les jirgas et où le code d'honneur pachtoune prévalait sur la loi.
Si au pic des violences confessionnelles, à la fin des années 2000, les talibans afghans, eux aussi pachtounes, jouaient les médiateurs, aujourd'hui encore, assurent des habitants, des juges préfèrent faire avaliser leurs verdicts par des jirgas pour qu'ils soient respectés.
- Ben Laden, Téhéran et talibans -
Pour Malik Attaullah Khan, dignitaire tribal qui avait signé en 2007 le grand accord censé ramener la paix à Kourram, "les autorités n'assurent pas leur part de responsabilité".
Il en veut pour exemple un paradoxe: Kourram est le seul district nouvellement rattaché où le cadastre est "complet". Et pourtant, "il y a des conflits autour de terres et de forêts dans sept ou huit secteurs".
En face, dans un pays où les sunnites sont l'écrasante majorité et les chiites, 10 à 15%, "des groupes religieux transforment ces différends locaux en conflits religieux", accuse-t-il.
Car Kourram n'est pas qu'aux confins du Pakistan et de l'Afghanistan.
Ce district --majoritairement chiite au nord et majoritairement sunnite au sud-- est aussi au coeur de la fracture du monde musulman, entre milices chiites soutenues par Téhéran et groupes sunnites sous perfusion des pétrodollars du Golfe.
En 1979, à Téhéran, les chiites faisaient leur révolution, à Kaboul, les moujahidines sunnites entraient en guerre contre les Soviétiques et à Kourram, le dictateur pakistanais Zia ul-Haq choisissait son camp.
Celui des radicaux sunnites --dont beaucoup deviendront plus tard les talibans-- pour contrer l'Iran, asseoir sa propre République islamique et fournir des troupes à l'insurrection anti-indienne au Cachemire.
- "On le vengera" -
A la lisière des grottes afghanes où se terrait Oussama Ben Laden, Kourram, jusque-là surtout célébré pour ses fleurs dans la poésie pachtoune, "est devenu une plateforme pour l'envoi d'armes en Afghanistan. Chaque famille avait un arsenal à la maison", se rappelle M. Khan.
Des armes que personne n'a jamais rendu. Le 23 novembre, quand des chiites ont incendié, en représailles à l'attaque du convoi deux jours plus tôt, maisons et magasins du marché sunnite de Bagan, des tirs étaient rapportés des deux côtés.
Le cousin de Syed Ghani Shah a été piégé par les flammes dans son échoppe.
"On a empêché ses parents de voir son corps parce qu'il était impossible à reconnaître", raconte M. Shah à l'AFP. "Comment faire la paix après ça? Dès qu'on trouvera l'occasion, on le venge".
Fatima Ahmed, elle, a perdu tout espoir le 21 novembre.
Son mari était en route pour l'inscrire à la faculté de médecine d'Islamabad après avoir bataillé pour convaincre sa famille de la laisser étudier.
Il n'est jamais revenu. Et à 21 ans, sa veuve dit qu'elle ne veut "plus vivre sans lui".
"Ils n'ont pas seulement tué mon mari, ils ont tué tous mes rêves avec lui".
O.Bulka--BTB