Berliner Tageblatt - L'ONU prévient que le conflit n'est pas "terminé" en Syrie, les nouvelles autorités cherchent à rassurer

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L'ONU prévient que le conflit n'est pas "terminé" en Syrie, les nouvelles autorités cherchent à rassurer
L'ONU prévient que le conflit n'est pas "terminé" en Syrie, les nouvelles autorités cherchent à rassurer / Photo: © AFP

L'ONU prévient que le conflit n'est pas "terminé" en Syrie, les nouvelles autorités cherchent à rassurer

L'ONU a prévenu mardi que le conflit n'était pas "encore terminé" en Syrie, où les nouvelles autorités dominées par des islamistes radicaux s'efforcent de rassurer sur leur capacité à pacifier le pays, morcelé et dévasté par 13 ans de guerre civile.

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Alors que plusieurs missions étrangères ont rencontré à Damas les nouveaux dirigeants, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a évoqué devant le Conseil de sécurité les affrontements dans le nord du pays entre les forces kurdes syriennes et des groupes soutenus par la Turquie, dans le sillage de l'offensive rebelle qui a chassé du pouvoir Bachar al-Assad le 8 décembre.

Un cessez-le-feu "de cinq jours" négocié entre ces deux parties sous égide américaine "a expiré et je suis gravement préoccupé par des informations à propos d'une escalade militaire", qui "pourrait être catastrophique", a-t-il mis en garde.

Soutien du nouveau pouvoir syrien, la Turquie estime que les forces kurdes implantées dans le nord-est --soutenues par les Etats-Unis face aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI)-- émanent de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan, PKK séparatiste.

Bien qu'avec méfiance, les Occidentaux cherchent pour leur part à établir des liens avec le nouveau pouvoir, conscients du risque de résurgence de l'EI, jamais totalement éradiqué en Syrie, et du défi de réunifier le pays.

La France, dont le drapeau a de nouveau été hissé sur l'ambassade, fermée depuis 2012, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont envoyé des émissaires à Damas.

Le nouvel homme fort de la Syrie, Abou Mohammad al-Jolani, s'est engagé à intégrer dans l'armée les factions rebelles dont son groupe sunnite radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a été le fer de lance pour renverser, en onze jours, le pouvoir d'Assad.

- "Loup déguisé en agneau" -

Des diplomates allemands ont mené mardi de premiers entretiens avec lui, selon le ministère allemand des Affaires étrangères.

"La France se prépare à être aux côtés des Syriens" durant la période de transition, a déclaré l'émissaire français Jean-François Guillaume.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a elle jugé que l'UE --qui s'est dit "prête" à rouvrir sa représentation à Damas-- devait "intensifier" sa relation avec HTS.

Washington a aussi établi des contacts avec HTS, même si les Etats-Unis continuent, comme d'autres pays occidentaux, à classer comme terroriste cette ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, qui affirme avoir rompu avec le jihadisme.

Israël affiche de son côté sa défiance envers les nouvelles autorités du pays voisin: son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a tenu mardi une réunion sécuritaire en Syrie, au sommet du mont Hermon, aux confins de la partie du Golan occupée et annexée par Israël, où l'armée israélienne s'est déployée après le 8 décembre.

Sa vice-ministre des Affaires étrangères, Sharren Haskel, a elle qualifié le chef de HTS de "loup déguisé en agneau". L'armée israélienne a lourdement bombardé depuis le 8 décembre les sites militaires syriens, pour empêcher leur prise par les nouvelles autorités.

- "L'amélioration de la vie" -

A travers le pays, les habitants s'emploient à reprendre leur vie, près de 14 ans après le début de la guerre civile, déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, et qui a fait un demi-million de morts et poussé à l'exil six millions de Syriens.

Dans les vieux souks de Damas, où la plupart des boutiques ont rouvert, des commerçants peignaient en blanc leurs façades pour effacer les couleurs de l'ancien drapeau syrien aux deux étoiles.

La plupart des prix des produits de première nécessité ont baissé avec la levée temporaire de taxes.

"Tout est arrivé d'un seul coup: la chute du régime, la baisse des prix, l'amélioration de la vie. On espère que ce ne soit pas temporaire", affirme Abou Imad, qui a transformé sa voiture en petite épicerie sur une place de la capitale.

Mais l'ONU estime que sept Syriens sur dix ont besoin de l'aide internationale et a "déconseillé" mardi un retour "à grande échelle" des réfugiés tant que la situation n'y est pas stabilisée.

- "Aucun service de base" -

Dans un pays à majorité sunnite mais multiethnique et multiconfessionnel, les nouvelles autorités sont aussi scrutées sur le traitement qui sera réservé aux minorités.

La directrice de l'agence de l'ONU pour les migrations (OIM), Amy Pope, a déclaré mardi à l'AFP que des membres des minorités religieuses avaient fui le pays par crainte de "menaces potentielles".

"La Syrie doit rester unie, et il faut qu'il y ait un contrat social entre l'Etat et l'ensemble des confessions pour garantir une justice sociale", a assuré lundi le chef de HTS.

Devant une délégation de diplomates britanniques, il a aussi "souligné la nécessité de lever toutes les sanctions imposées à la Syrie afin de permettre le retour des réfugiés".

Certains ont commencé à rentrer dans leurs villes en ruines, comme à Maaret al-Noomane, dans l'ouest, où les combats qui ont éclaté dès 2012 ont laissé un paysage de dévastation.

Kifah Jaafer, responsable local de la "Direction des Zones libérées", rappelle que "la ville manque de tout", notant qu'il n'y a "pas d'école, aucun des services de base (...) Il va falloir (...)beaucoup d'aide".

O.Krause--BTB