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A leur retour chez eux, des Gazaouis découvrent ruines et destructions
Dans un paysage apocalyptique laissé par plus de 15 mois de guerre, des Gazaouis rentrent chez eux, beaucoup pour n'y retrouver que ruines, au premier jour du cessez-le-feu entre le Hamas et Israël.
"Je veux juste rentrer", s'exclame Wafaa al-Habil, originaire de la ville de Gaza (nord) et réfugiée à Khan Younès (sud) à cause des combats et des bombardements. "Je me suis tant languie de Gaza, et de nos proches."
Passant à côté d'elle au volant d'une voiture pleine à craquer, un homme lance: "c'est la plus grande des joies... Je rentre à Rafah!", plus au sud, à la frontière avec l'Egypte.
Dans le nord du territoire dévasté et assiégé, dans la poussière des rues défoncées, les colonnes de déplacés progressent, la plupart à pied, au milieu d'une mer grisâtre de décombres, blocs de béton effondrés, structures métalliques tordues.
Pourtant, des groupes de jeunes hommes chantent, beaucoup formant un "V" de la victoire, devant des photographes de l'AFP après l'entre en vigueur du cessez-le-feu après plus de 15 mois de guerre déclenchée par une attaque du Hamas le 7 octobre 2023.
L'immense majorité des 2,4 millions d'habitants du territoire pilonné sans relâche ont été jetés sur les routes, déplacés plusieurs fois dans des camps de tentes improvisés, dans des logements provisoires ou des écoles transformées en refuge.
Plusieurs confient qu'ils ne pensaient pas "survivre" jusqu'au cessez-le-feu.
- "Invivable" -
Selon la Défense civile de Gaza, huit personnes y ont d'ailleurs été encore tuées dimanche matin, à cause d'un retard de près de trois heures dans le début de la trêve, le Hamas ayant tardé à fournir la liste des otages devant être libérés dans la journée.
Maha Abed était assise devant sa tente du camp d'al-Mawassi (sud), avec ses bagages, "dès l'aube", et attendait son mari pour prendre la route de Rafah, quand il l'a appelée pour lui dire d'attendre, à cause des tirs.
"Nous sommes épuisés, je ne veux pas passer une nuit de plus dans cette tente", dit cette femme de 27 ans.
Tout juste rentré chez lui à Jabalia, épicentre depuis octobre d'une vaste offensive israélienne qui a chassé les habitants vers Gaza-ville, Walid Abou Jiab, est effondré. "Il ne reste plus rien, c'est devenu invivable."
Dans ce secteur du nord de la bande de Gaza, des enfants font rouler un gros réservoir d'eau en plastique pour transporter des affaires, des femmes aux traits tirés charrient de gros sacs débordant de vaisselle ou couvertures.
Choqué lui aussi par "l'immensité de la destruction" à Jabalia, Fouad Abou Jilboa veut pourtant tourner la page: "grâce à notre détermination, notre foi et notre force, nous reconstruirons".
- Camper avant de reconstruire -
A Rafah aussi, à la pointe sud de Gaza, Mohammed al-Rabayaa affirme n'avoir trouvé que des "ruines" là où étaient les maisons de sa famille.
Mais il se prépare à y camper sous la tente: "on vivra ici jusqu'à ce que nos maisons soient reconstruites".
La guerre a provoqué à Gaza d'après l'ONU un niveau de destructions "sans précédent dans l'histoire récente", augurant, selon les experts, d'une très longue reconstruction au coût exorbitant.
Selon l'accord de cessez-le-feu, les habitants du tiers nord du territoire réfugiés au sud ne pourront rentrer qu'après la première semaine de la trêve et le retrait prévu des soldats israéliens de plusieurs secteurs.
Dans l'attente, l'armée coupe toujours en deux le territoire, au niveau du "couloir de Netzarim" au sud de la ville de Gaza.
Au milieu des foules en route, qui y prêtent à peine attention, des pick-up chargés de combattants armés paradent. La police municipale est aussi visible, déployée par le Hamas qui affirme vouloir maintenir l'ordre au milieu du chaos ambiant.
Et à Gaza-ville, des pelleteuses commencent déjà à déblayer une partie des décombres.
J.Horn--BTB