Berliner Tageblatt - Serbie: le Premier ministre démissionne après trois mois de manifestations

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Serbie: le Premier ministre démissionne après trois mois de manifestations
Serbie: le Premier ministre démissionne après trois mois de manifestations / Photo: © AFP

Serbie: le Premier ministre démissionne après trois mois de manifestations

Le Premier ministre serbe Milos Vucevic a annoncé mardi sa démission après trois mois de manifestations contre la corruption déclenchées par l'effondrement meurtrier du auvent de la gare de Novi Sad, et appelé à l'apaisement "des tensions dans la société".

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Etudiants, lycéens, employés et retraités manifestent presque chaque jour depuis le 1er novembre et la mort de 15 personnes à Novi Sad, deuxième ville de Serbie, victimes de la chute du auvent en béton de la gare qui venait d'être rénovée.

"Afin d'éviter de nouvelles complications, afin de ne pas augmenter davantage les tensions dans la société, j'ai pris cette décision" de démissionner, a déclaré Milos Vucevic, 50 ans, Premier ministre depuis mai 2024 après plusieurs années à la tête du ministère de la Défense.

Evoquant une "décision irrévocable", prise au lendemain d'un blocage de 24h00 par les étudiants d'un important noeud routier de la capitale Belgrade, il a ajouté qu'il avait eu "une longue réunion avec le président" dans la matinée: "Nous avons parlé de tout et il a accepté mes arguments", a-t-il dit.

M. Vucevic est l'ancien maire de Novi Sad (2012-2022) et c'est sous son mandat qu'avaient commencé les travaux de rénovation de la gare, achevés quelques mois à peine avant l'accident du 1er novembre.

Son successeur à la mairie de Novi Sad, Milan Đurić, devrait lui aussi démissionner dans la journée, a affirmé M. Vucevic.

La veille, dans une allocution, le président serbe, le nationaliste Aleksandar Vucic, avait auguré d'un remaniement ministériel "de grande ampleur" et du remplacement de plus de la moitié de l'équipe gouvernementale.

- "Revenir au dialogue" -

La Serbie est secouée par l'un des plus importants mouvement de contestation de ces dernières années depuis le drame de Novi Sad.

Des manifestants ont défilé par dizaines de milliers à travers tout le pays. Ils voient dans la catastrophe une illustration de la corruption et de la négligence des autorités dans un pays qui a multiplié chantiers et grands projets sous la présidence d'Aleksandar Vucic, au pouvoir depuis 2012.

En réponse, le gouvernement a oscillé entre appels au dialogue et accusations d'ingérence étrangère, affirmant que les étudiants avaient été payés pour manifester par des agents étrangers. Mais les manifestations n'ont jamais cessé. S'y sont ajouté ces derniers jours des appels à la grève générale.

La tension est palpable à travers le pays après que plusieurs manifestants étudiants ont été renversés par des automobilistes. Lundi soir à Novi Sad, une jeune femme a été blessée lors d'un affrontement entre des étudiants et des militants du parti nationaliste au pouvoir, SNS.

"Je lui souhaite un prompt rétablissement", a déclaré mardi matin le Premier ministre démissionnaire en dénonçant "un acte inacceptable et qui mérite d'être condamné dans tous les sens du terme". "J'attends que les coupables soient arrêtés", a-t-il dit.

M. Vucevic a ajouté qu'il espérait que sa démission, et celle à venir du maire de Novi Sad, "conduisent à un apaisement des passions, à un retour au dialogue".

"J'appelle tout le monde à calmer les passions et à revenir au dialogue" a-t-il répété, un appel déjà lancé lundi soir lors d'une conférence de presse commune avec le président Aleksandar Vucic.

La veille, il avait déjà appelé doyens d'université, professeurs et étudiants "à venir pour discuter de tous les sujets mis en avant".

Parmi les revendications de la jeunesse, figurent la publication de tous les documents relatifs à la rénovation de la gare de Novi Sad, rénovée par des entreprises chinoise, hongroise et française.

L'enquête sur l'accident de la gare est toujours en cours, et plus d'une dizaine de personnes ont été inculpées, dont l'ancien ministre des Transports, Goran Vesic.

Les demandes estudiantines portent aussi sur l'arrestation des personnes soupçonnées d'avoir agressé des étudiants et des professeurs depuis le début des manifestations, l'abandon des poursuites contre les étudiants arrêtés, et une hausse de 20% du budget de l'Enseignement supérieur.

I.Meyer--BTB