Berliner Tageblatt - RDC: Goma sous la coupe du M23, Tshisekedi va s'exprimer

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RDC: Goma sous la coupe du M23, Tshisekedi va s'exprimer
RDC: Goma sous la coupe du M23, Tshisekedi va s'exprimer / Photo: © AFP

RDC: Goma sous la coupe du M23, Tshisekedi va s'exprimer

Le groupe armé antigouvernemental M23 et les troupes rwandaises contrôlent mercredi la quasi-totalité de Goma, grande ville de l'est de la République démocratique du Congo, alors que le président Félix Tshisekedi doit s'adresser à la nation avant la fin de la journée.

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Dans le centre de Goma, coincée entre le lac Kivu et la frontière du Rwanda, les habitants ont recommencé à circuler.

"Aujourd'hui, on n'a pas peur. Le problème, c'est le manque d'eau, d'internet et de courant", dit Jean de Dieu, un habitant joint par l'AFP au téléphone. "Il y a la faim à Goma. Il faut aller puiser l'eau au lac et nous sommes sans médicaments", renchérit Kahindo Sifa.

Les bombardements ont endommagé les infrastructures de la ville de plus d'un million d'habitants et presque autant de déplacés.

Muré dans le silence depuis le début de l'offensive sur Goma, M. Tshisekedi doit s'adresser mercredi à la nation, selon la télévision nationale. Son gouvernement a dénoncé une "déclaration de guerre du Rwanda" et assuré vouloir "éviter le carnage".

- Corps gisants -

Les derniers affrontements ont aggravé la crise humanitaire dans la région, convoitée pour ses ressources naturelles et secouée depuis trois décennies par les violences de groupes armés en partie soutenus par des pays voisins.

Selon l'ONU, plus d'un demi-million de personnes ont été déplacées depuis début janvier par les combats. Les affrontements à Goma ont aussi fait plus de 100 morts et près d'un millier de blessés ces trois derniers jours, selon les hôpitaux.

Dans les rues, beaucoup de corps gisent encore au sol, ont constaté des journalistes de l'AFP et des habitants.

Des cartouches restent sur la chaussée. Une jeep des forces congolaises (FARDC) est abandonnée sur un trottoir près de ce qui était leur QG régional.

L'aéroport et le siège du gouvernement provincial ont été pris. Nombre de soldats congolais ont fui ou été capturés au fil de ces deux jours de combats.

Mercredi matin, une longue colonne de plusieurs centaines de soldats congolais et miliciens pro-Kinshasa, désarmés et bandeau blanc sur la tête, a été conduite vers le centre-ville, encadrée par des troupes du M23, selon une source sécuritaire.

Des pillages se poursuivent, a constaté l'AFP. Seules forces désormais visibles dans les quartiers accessibles, des combattants du M23 et des soldats rwandais tirent parfois en l'air pour effrayer les foules avides.

Le M23 avait affirmé dès dimanche avoir pris Goma, mais des combats se sont poursuivis jusqu'à mardi et on ignorait mercredi s'il contrôlait l'ensemble de la ville.

Les cadres du M23 ("Mouvement du 23 mars") ont convoqué un groupe de journalistes et doivent bientôt s'exprimer.

- Continuer d'avancer -

Mardi, la crise a soudain atteint la capitale, Kinshasa, située à l'ouest, à l'autre bout de l'immense pays.

Les États-Unis ont appelé leurs ressortissants à quitter la RDC, la Belgique a déconseillé d'y voyager et la compagnie aérienne Brussels Airlines a annulé sa desserte de Kinshasa mercredi.

Dans la capitale, plus tendue qu'à l'accoutumée, les autorités ont suspendu les manifestations après de nouveaux appels à descendre dans la rue.

Vincent Karega, ambassadeur itinérant du Rwanda pour la région des Grands lacs, a ajouté à la pression mercredi en déclarant que le M23 "va continuer" d'avancer dans l'est de la RDC, voire au-delà, et pourrait même aller prendre le pouvoir à Kinshasa.

Le pape François a appelé mardi à tout faire pour arrêter les hostilités dans la région. Tout comme l'ONU, les États-Unis, la Chine, l'Union européenne et l'Angola, qui ont demandé au Rwanda de retirer ses troupes.

Kinshasa accuse Kigali de vouloir mettre la main sur les nombreuses richesses naturelles de l'est de la RDC. Le Rwanda dément et dénonce la présence en RDC de groupes armés hostiles. La résurgence du M23 en 2021 a également été en partie nourrie par une autre rivalité stratégique, entre le Rwanda et l'Ouganda.

Mi-décembre, une rencontre Tshisekedi-Kagame dans le cadre d'une médiation angolaise avait été annulée en dernière minute. M. Tshisekedi était venu mais pas M. Kagame. Le M23, qui contrôlait déjà de larges pans du Nord-Kivu, a ensuite continué d'avancer vers Goma.

burx-cld/emd/mba

D.Schneider--BTB