Berliner Tageblatt - Droits de douane: les partenaires de Washington s'insurgent contre l'attaque de Trump sur l'automobile

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Droits de douane: les partenaires de Washington s'insurgent contre l'attaque de Trump sur l'automobile

Droits de douane: les partenaires de Washington s'insurgent contre l'attaque de Trump sur l'automobile

Outrés ou catastrophés, les partenaires commerciaux des Etats-Unis cherchaient jeudi comment contrer le nouveau coup de boutoir de Donald Trump: 25% de droits de douane supplémentaires sur les automobiles, nouvelle escalade de la guerre commerciale qu'il mène tous azimuts depuis janvier.

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"Signal fatal pour le libre échange", a réagi la fédération des constructeurs automobiles allemands, gros pourvoyeurs de luxueuses berlines pour le marché américain.

"Une très mauvaise nouvelle" pour le ministre français de l'Economie Eric Lombard, appelant à une riposte européenne, que Berlin souhaite "ferme". "Extrêmement regrettable", réagit le Japon pour qui "toutes les options sont sur la table" désormais.

"Nous ne pouvons pas rester sans rien faire", estime aussi le président brésilien Lula, tandis que le Premier ministre canadien Mark Carney dénonce "une attaque directe".

"Il n'y a aucun gagnant dans une guerre commerciale ou une guerre des droits de douane", a répété, sur un ton plus mesuré, le gouvernement chinois.

Le monde économique s'est réveillé groggy jeudi et les actions des constructeurs reculaient sur les marchés boursiers au lendemain de l'annonce américaine.

"Nous allons faire payer les pays qui font des affaires dans notre pays et prennent notre richesse", a prévenu le président américain, nouvelle illustration du maniement punitif des droits de douane qu'il applique depuis son investiture fin janvier.

Les taxes sur l'automobile s'appliqueront à "toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis", a-t-il assuré. Elles entreront en vigueur "le 2 avril et nous commencerons à les collecter le 3", selon lui.

- Constructeurs américains aussi touchés -

"Nous demandons instamment au président (Donald) Trump de tenir compte de l'impact négatif des droits de douane non seulement sur les constructeurs automobiles mondiaux, mais aussi sur l'industrie nationale américaine", a plaidé Sigrid de Vries, directrice générale de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA).

Les constructeurs américains sont aussi concernés, étant donné que leur modèle économique intègre largement le Mexique et le Canada où ils possèdent des usines.

Il est "crucial" que les droits de douane ne fassent pas "monter les prix pour les consommateurs", ont prévenu jeudi Ford, GM et Stellantis via un communiqué de l'association professionnelle des constructeurs américains (AAPC), plaidant pour la "compétitivité" de la production automobile "nord-américaine", intégrant donc le Canada et le Mexique.

Même Elon Musk, proche allié de Donald Trump, craint d'y laisser des plumes.

Les nouveaux droits de douane auront un effet "non négligeable" sur le coût de production des Tesla, via les pièces détachées importées, a prévenu son patron.

Cette nouvelle taxe sur un produit grand public marque une nouvelle escalade dans la guerre commerciale menée par Donald Trump contre ses partenaires commerciaux, avec les droits de douane comme arme principale.

Il a notamment déjà imposé 25% de taxes sur l'acier et l'aluminium importés. Il a aussi annoncé, tout en reportant leur application, de droits de douanes de 25% sur les biens en provenance du Mexique et du Canada.

Il a également imposé des droits de douanes supplémentaires sur plusieurs biens chinois. L'Europe est aussi dans le collimateur, qu'il a accusée d'avoir été "conçue pour entuber les Etats-Unis".

- UE et Canada menacés -

La prochaine étape de cette offensive est prévue mercredi 2 avril, qu'il appelle le "Jour de la libération". Le président américain devrait annoncer la mise en place de droits de douane dits "réciproques", qui concerneront l'ensemble des produits importés aux Etats-Unis.

Le principe des droits "réciproques" est que les produits entrant aux Etats-Unis seront désormais taxés au même niveau que le sont les produits américains exportés vers ledit pays.

Pour l'instant, l'UE adopte une position mesurée. Elle affirme mettre en place une riposte graduée, avec l'introduction mi-avril d'une série de droits de douanes sur certains biens américains de niche, comme le bourbon ou les motos.

Donald Trump a toutefois menacé Bruxelles et Ottawa de droits de douanes encore alourdis s'il leur venait l'idée de coordonner leur riposte. La cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen estimait mi-mars que le lien UE-Canada était "plus crucial que jamais" pour "défendre la démocratie, le commerce libre et équitable".

"Si l'Union européenne travaille avec le Canada pour nuire économiquement aux États-Unis, des droits de douanes à grande échelle, bien plus importants que ceux actuellement prévus, seront imposés à tous deux", a-t-il écrit sur le réseau Truthsocial.

- TikTok -

Fidèle à son approche transactionnelle des relations internationales, Donald Trump a aussi offert mercredi à la Chine des ristournes sur les droits de douanes, si un accord était trouvé pour la cession des activités américaines de ByteDance, maison-mère chinoise du réseau social TikTok, menacé d'interdiction aux Etats-Unis.

Pékin y a opposé jeudi une fin de non-recevoir.

"Concernant la question de TikTok, la Chine a exprimé sa position à plusieurs reprises. La position de la Chine contre l'imposition de droits de douane supplémentaires est également cohérente et claire", a déclaré Guo Jiakun, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

P.Anderson--BTB