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Ukraine: nouvelle aide militaire américaine, avertissement de Washington à Pékin
Le président américain Joe Biden a annoncé mercredi un milliard de dollars d'aide militaire supplémentaire à l'Ukraine, Washington appelant également ses alliés à "intensifier" les livraisons d'armes à Kiev, en difficulté face aux Russes dans le Donbass.
Les Etats-Unis se sont dans le même temps déclaré "préoccupés par l'alignement de la Chine avec la Russie", demandant à Pékin de cesser de soutenir l'invasion russe de l'Ukraine pour éviter de se placer "du mauvais côté de l'Histoire".
Cet avertissement fait suite à un échange téléphonique entre les dirigeants chinois et russe au cours duquel le président chinois Xi Jinping a marqué son soutien à son "vieil ami" Vladimir Poutine.
La nouvelle aide militaire américaine a été annoncée par le président américain Joe Biden lors d'un entretien téléphonique avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Le Pentagone a précisé qu'elle comprenait notamment 18 obusiers Howitzers avec leurs véhicules de transport et 36.000 obus, ainsi que deux lanceurs de missiles anti-navires Harpoon, destinés à la défense côtière de l'Ukraine sur la mer Noire.
- "Gratitude" -
"Je veux dire ma gratitude pour ce soutien, il est particulièrement important pour notre défense dans le Donbass", a très vite réagi le président Zelensky dans un message vidéo en soirée.
"L'Ukraine est confrontée à un moment charnière sur le champ de bataille", avait pour sa part déclaré plus tôt dans la journée le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, lors d'une réunion au siège de l'Otan à Bruxelles des pays du "groupe de contact" créé par les Etats-Unis pour aider l'Ukraine.
"Nous devons donc intensifier notre engagement commun" et "redoubler d'efforts pour qu'elle puisse se défendre", a-t-il ajouté.
Près de 50 ministres de la Défense - dont le ministre ukrainien Oleksiï Reznikov - ont participé à cette réunion, en marge d'une réunion ministérielle de l'Otan. Une réunion très attendue par Kiev, qui réclame depuis des semaines des armes lourdes en quantité pour repousser les forces russes dans le bassin du Donbass.
Et les dix premiers systèmes d'artillerie à longue portée serait "sur le front" dans les prochaines semaines après que des premières troupes ukrainiennes ont été formés pour les utiliser, selon lui.
"S’ils utilisent cet armement correctement (...), ils devraient être en mesure d'atteindre une quantité significative de cibles, et cela fera une différence,", a ajouté le général Milley.
Depuis leur offensive avortée sur Kiev en mars, les forces russes et séparatistes prorusses, qui contrôlent partiellement cette région industrielle depuis 2014, se sont donné pour objectif d'en prendre le contrôle total.
"L'Ukraine doit obtenir tout ce qui est nécessaire pour remporter la victoire", a martelé le président Zelensky dans une téléconférence avec les députés tchèques. Il a réaffirmé que l'invasion de l'Ukraine n'était qu'une première étape pour Moscou, qui entend reprendre ses anciens satellites de l'ère soviétique.
- "Mauvais côté de l'Histoire" -
Face à cet appel occidental à intensifier l'aide militaire à l'Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a obtenu mercredi une marque de soutien de son homologue chinois Xi Jinping.
"La Chine est disposée à poursuivre avec la Russie le soutien mutuel sur les questions de souveraineté, de sécurité, ainsi que sur d'autres questions d'intérêt fondamental et préoccupations majeures", a indiqué M. Xi, cité par l'agence de presse Chine nouvelle, qui n'a lié ces propos à aucun exemple précis comme l'Ukraine ou Taïwan.
Le Kremlin a indiqué de son côté que les deux dirigeants étaient convenus d'"élargir la coopération dans les domaines énergétique, financier, industriel, des transports et autres, en tenant compte de la situation économique mondiale qui s'est compliquée en raison des sanctions illégitimes de l'Occident".
Ils ont aussi discuté du "développement des relations militaires et militaro-techniques", selon la présidence russe, qualifiant l'échange de "chaleureux et amical".
Cet échange d'amabilités a été très peu apprécié par Washington. "Plus de trois mois après l'invasion brutale (de l'Ukraine, ndlr) par la Russie, la Chine est toujours au côté de la Russie", a lancé un porte-parole de la diplomatie américaine.
"Elle continue de protéger la Russie au sein des organisations internationales, se dérobant à ses responsabilités en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Et elle nie toujours l'existence des atrocités perpétrées par la Russie en Ukraine, suggérant au contraire qu'elles ont été mises en scène", a estimé ce responsable.
"Les pays qui choisissent le camp de Vladimir Poutine se placeront inévitablement du mauvais côté de l'Histoire", a-t-il ajouté. Il a de nouveau mis en garde la Chine contre toute "aide militaire" à la Russie ou contre tout "soutien systématique pour échapper aux sanctions" de l'Occident.
Cet avertissement américain intervient au moment où, face aux sanctions occidentales, le géant russe Gazprom a annoncé une nouvelle baisse d'un tiers de ses livraisons de gaz à l'Europe via le gazoduc Nord Stream, au lendemain d'une première diminution drastique.
"Il s'agit clairement d'une stratégie visant à perturber et faire grimper les prix", a riposté le ministre allemand de l'Economie et du Climat Robert Habeck.
- Bombardements "non-stop" -
Sur le front militaire, les Russes poursuivent leur assaut sur la ville de Severodonetsk et sa voisine Lyssytchansk, deux villes clé du Donbass, et sur d'autres localités de la région, selon Kiev.
Les autorités ukrainiennes ont reconnu ces derniers jours que leurs troupes avaient été chassées du centre-ville de Severodonetsk, et ne plus disposer que de "voies de communication compliquées" avec elles après la destruction de tous les ponts vers Lyssytchansk.
Les forces ukrainiennes sont notamment retranchées dans l'usine chimique Azot, emblématique de cette ville comptant avant la guerre quelque 100.000 habitants, avec plus de 500 civils à l'intérieur, selon le maire de Severodonetsk Oleksandre Striouk.
Moscou a proposé mardi un "couloir humanitaire" qui permettrait d'évacuer ces civils vers des territoires contrôlés par les Russes, mais Kiev ne l'a pas confirmé.
Mais la Russie a accusé mercredi les forces de Kiev d'avoir empêché cette opération.
Le ministère russe de la Défense a affirmé que les forces ukrainiennes avaient "violé le cessez-le-feu à plusieurs reprises" et "utilisé la pause humanitaire pour se redéployer dans des positions (de combat) plus avantageuses". Il n'était pas possible de vérifier ces affirmations de manière indépendante.
Selon une journaliste de l'AFP sur place, les routes reliant Lyssytchansk à Kramatorsk, autre ville clé du Donbass sous contrôle ukrainien, sont utilisées pour acheminer des armes, notamment des lance-roquettes multiples Grad et des canons d'artillerie.
"Les Russes bombardent le centre-ville sans arrêt", a indiqué à l'AFP un policier local. "C'est 24h/24, +non stop+", ajoute son collègue.
- Candidature à l'UE -
Si les chances de l'Ukraine d'entrer dans l'Otan semblent plus lointaines que jamais, Kiev attend du sommet européen des 23-24 juin la décision des Vingt-Sept sur sa demande d'être acceptée comme candidate officielle à une adhésion au bloc européen - début d'un processus de négociations qui peut durer des années.
Dans ce contexte, le président français Emmanuel Macron, qui assume la présidence tournante de l'UE jusqu'au 30 juin, ainsi que le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre italien Mario Draghi, sont attendus à Kiev jeudi, selon des médias allemands et italiens.
Une telle visite serait une première depuis le début de l'invasion russe pour les dirigeants des trois premières économies européennes.
Sans confirmer ce déplacement, le président français a envoyé mercredi des signaux à Kiev, en visitant une base de l'Otan en Roumanie.
"Je pense que nous sommes à un moment où nous avons besoin d'envoyer des signaux politiques clairs, nous Union européenne, à l'égard de l'Ukraine et du peuple ukrainien dans un contexte où il résiste de manière héroïque depuis plusieurs mois", a déclaré M. Macron.
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O.Krause--BTB