Berliner Tageblatt - En Equateur, les indigènes "se sentent trompés", les manifestations vont continuer, dit leur leader

Euronext
AEX -0.68% 868.51
BEL20 -1.28% 4183.03
PX1 -0.17% 7299.09
ISEQ -0.21% 9788.32
OSEBX 0.82% 1438.01 kr
PSI20 0.91% 6432.97
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK -0.26% 2935.09
N150 0.35% 3326.08
En Equateur, les indigènes "se sentent trompés", les manifestations vont continuer, dit leur leader
En Equateur, les indigènes "se sentent trompés", les manifestations vont continuer, dit leur leader / Photo: © AFP

En Equateur, les indigènes "se sentent trompés", les manifestations vont continuer, dit leur leader

Les indigènes d'Equateur, qui manifestent depuis douze jours pour protester contre la cherté de la vie, "se sentent trompés" par le gouvernement du président conservateur Guillermo Lasso, affirme à l'AFP le leader du mouvement, .

Taille du texte:

Les contacts sont "pour le moment" au point mort, et les manifestations vont continuer, déclare le dirigeant de la Confédération des nationalités indigènes d'Equateur (Conaie), plus grande organisation indigène du pays et fer de lance des manifestations.

Q/Combien de temps vont durer les manifestations?

R/(...) Jusqu'à ce que nous ayons des résultats. Nous ne pouvons plus retenir la colère du peuple. L'indignation échappe à notre contrôle et au contrôle de nos organisations. C'est un moment très complexe.

Nous attendions du président (Lasso) qu'il réponde aux questions centrales de la crise, à la pauvreté que connaît notre peuple. Il y a une décision à prendre. Nous avons toujours montré notre volonté de dialogue. Ce qui a suscité une réaction chez nous, c'est ce dialogue sans résultat, nous nous sentons trompés, c'est ce qui a provoqué l'indignation.

Q/Avez-vous eu des contacts avec le gouvernement?

R/Pas pour le moment. Nous avons dit que nous ne voulons pas d'intermédiaires. Ce que nous voulons, ce sont des garants de ce processus qui obligent le gouvernement à respecter ses engagements.

Il n'est pas possible qu'au XXIe siècle, nous devions venir ici et avoir des morts pour qu'ils nous comprennent.

Q/Quel est l'impact du coût de la vie pour les autochtones?

R/La question économique est une question de désespoir, c'est pourquoi nous sommes ici. Il y a beaucoup de pauvreté, la hausse du prix du carburant a fait augmenter tous les prix, et nous, les plus pauvres, sommes ceux qui souffrons le plus.

Imaginez un litre de pétrole, que nous achetions à 1,50 dollar, que nous devons maintenant acheter à 3,50 dollars. Nous n'avons pas de salaire, ce que nous produisons dans les champs, nous le vendons sur les marchés aux mêmes prix depuis 15 ans, nous sommes sous l'emprise du marché, des intermédiaires.

Nous n'avons même pas de quoi nourrir nos enfants, mais à la fin du mois, nous devons payer la totalité des crédits à la banque.

C'est pourquoi la population équatorienne manifeste, ce n'est pas un coup de folie ou des histoires de vandalisme. Beaucoup de nos jeunes sont recrutés par des trafiquants de drogue et des tueurs à gages parce qu'on leur offre des options économiques.

R/Que pensez-vous du président Lasso?

R/ En 2017, il était celui qui appelait à la lutte, celui qui incitait le mouvement indigène à des soulèvements, il était celui qui dans les rassemblements nous haranguer et nous appelé à nous battre. Maintenant, il gouverne. Il est passé de l'autre côté et met en œuvre la violence contre les manifestants (...). Il est vraiment douloureux de voir qu'après avoir été un combattant social, il attaque maintenant son peuple.

Q/Voulez-vous le renverser?

R/Notre objectif principal est de résoudre nos problèmes économiques. Et si le président Lasso tombe et que rien ne change? Nous ne sommes pas venus pour déstabiliser. Nous sommes venus pour avoir des résultats.

Q/Ne craignez-vous pas que les manifestations suscitent le ressentiment de certains secteurs?

R/Oui, il y a la peur, elle a approfondi la lutte des classes. Il y a un racisme qui s'est exacerbé depuis 2019. Il y a des secteurs qui nous traitent simplement de vandales et qui ne voient pas que cette lutte concerne les conditions de vie quotidiennes et que les plus mal en point sont les indigènes.

La pauvreté rurale est alarmante. Entre 60% et 70% des indigènes ont dû abandonner leur communauté. La majorité vit dans une pauvreté absolue, (...) alors que l'identité culturelle des indigènes se perd et se détériore. Certaines politiques de l'Etat colonial ont attaqué l'identité des peuples (indigènes). (...) Nous jouons notre survie.

N.Fournier--BTB