Berliner Tageblatt - Blessés de guerre: l'autre combat, se reconstruire par le sport

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Blessés de guerre: l'autre combat, se reconstruire par le sport
Blessés de guerre: l'autre combat, se reconstruire par le sport / Photo: © AFP

Blessés de guerre: l'autre combat, se reconstruire par le sport

La vie du sergent-chef Guillaume a basculé il y a cinq ans au Mali. Son nerf sciatique a été sectionné après l'explosion d'une mine. Après des mois d'errance, le sport l'a aidé à se reconstruire: un parcours que d'autres blessés de guerre qui défileront jeudi lors des célébrations du 14 juillet, ont épousé.

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Le ton est déterminé, le regard aussi. Loin, très loin de cette période où "je descendais des bouteilles en regardant Netflix dans mon canapé, sans savoir quoi faire de ma vie", se remémore le sergent-chef Guillaume.

Cette période noire, c'était quelques semaines après ce jour qui a tout changé. En patrouille dans le nord-Mali au printemps 2016, un engin explosif artisanal (IED) explose non loin de lui, lui projetant une plaque métallique dans le bas du dos. "Une douleur énorme", se rappelle-t-il. Le nerf sciatique est sectionné, et la trajectoire de sa carrière militaire se fracture brutalement.

- "Le sport m'a sauvé" -

"Après avoir été soigné, je me suis retrouvé seul chez moi, sans savoir quoi faire. Je buvais beaucoup", raconte-t-il.

Un coup de fil va alors lui sauver la vie. L'armée va lui proposer un stage "mer et blessures" sur la Côte basque, à Bidart. "Je me suis retrouvé à faire du surf-pirogue, et j'ai pris conscience que même avec un nerf sciatique sectionné, je pouvais faire des choses".

C'est alors le début d'une renaissance et d'une boulimie de sport. Le sergent-chef Guillaume, qui a décidé de rester en posture debout malgré son handicap et de ne pas utiliser de fauteuil, va alors toucher à tout, du tir à l'arc, au basket et au volley-ball assis, avec une ascension du Mont-Blanc en juin 2021.

Il participe aussi aux Invictus Games, cette compétition crée en 2014 par le Prince Harry, réservée au départ aux militaires blessé lors du conflit afghan, puis élargie depuis à tous les militaires blessés en opérations. Il compte bien aussi faire partie de l'aventure des Jeux paralympiques de Paris dans deux ans.

"Maintenant, le sport rythme ma vie. Je me sens bien, j'ai des challenges, des objectifs. On peut clairement dire que le sport m'a sauvé, oui", explique-t-il.

Le sport pour aider les blessés de guerre à se reconstruire est une voie que l'armée a adoptée depuis longtemps. L'idée remonte au milieu des années 1960 après la fin de la guerre d'Algérie. "Il y avait beaucoup de jeunes blessés à l'époque, et ils venaient se faire soigner aux Invalides, mais il a fallu leur trouver une occupation", raconte le caporal Gaëtan, patron du Cercle sportif de l'Institut national des Invalides (CSINI), dont est membre le sergent-chef Guillaume et qui compte près de 300 licenciés, valides et non valides.

"Le sport est l'un des leviers que l'on utilise pour la reconstruction des blessés, c'est le premier niveau de ce qu'on fait", explique le caporal Gaëtan, "ensuite, il y en a certains qui se découvrent, qui se redimensionnent et se mettent à la compétition".

- "Blessures psychologiques" -

A la salle de sport du CSINI, nichée en plein coeur des Invalides, à part les boiseries et la patine du lieu quelque peu dans son jus, rien a priori ne distingue l'endroit d'une autre salle de sport classique. A y regarder de plus près pourtant, les appareils ne sont pas tout à fait standards. "Tous les appareils sont adaptés pour que les blessés puissent les utiliser", explique le caporal Gaëtan.

En levant les yeux, le palmarès des médailles du CSINI aux Jeux paralympiques délivre un message aux hôtes des lieux. Certains sont parvenus à aller au-delà d'une reconstruction mécanique et psychologique, et tout le monde peut donc prétendre à ce dépassement.

"On s'occupe de 1.500 à 1.600 blessés à des degrés différents, car il faut aussi prendre en charge les blessures psychologiques", explique le général Christophe Abad, gouverneur militaire de Paris.

"On les accompagne en leur redonnant confiance. Mais il y aussi des gens qu'on a du mal à sortir de l'eau, il y en peu, mais il y en a", reconnaît-il.

J.Horn--BTB