Berliner Tageblatt - Irak: au parc touché par des tirs d'artillerie meurtriers, le temps s'est figé

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Irak: au parc touché par des tirs d'artillerie meurtriers, le temps s'est figé
Irak: au parc touché par des tirs d'artillerie meurtriers, le temps s'est figé / Photo: © AFP

Irak: au parc touché par des tirs d'artillerie meurtriers, le temps s'est figé

Sandales abandonnées, chaises renversées dans un cours d'eau, tâches de sang séché sur le béton. Niché dans les montagnes du Kurdistan d'Irak, le parc touché par les frappes meurtrières imputées à la Turquie est comme figé dans le temps depuis deux jours.

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C'est ici, au milieu d'un paysage champêtre dans la région de Zakho, à moins de cinq kilomètres de la frontière avec la Turquie, que s'est produit la tragédie: des touristes irakiens ont été surpris pendant un moment de détente par des tirs d'artillerie qui ont fait mercredi neuf morts et 23 blessés.

Autour d'un ruisseau qui dévale la montagne ont été installés ces jardins récréatifs avec des bassins, des tonnelles et des échoppes pour accueillir les visiteurs et leur proposer des rafraichissements, tout près du village de Parakh.

Sur une table en plastique des restes de nourriture. Dans le cours d'eau, un banc gît renversé, des chaises en plastiques aussi. Près du ruisseau un narguilé, a rapporté un vidéaste de l'AFP ayant participé à une visite organisée pour la presse par le département médias et information du gouvernement régional du Kurdistan.

Éparpillés un peu partout au sol, des tongs en plastique, des sandales de femmes ou d'enfants. Des tâches de sang, des gouttelettes.

Bagdad a accusé la Turquie, qui a nié toute implication et pointé du doigt les insurgés kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Quotidiennement nous recevions la visite d'environ 100 autocars, et il y a aussi ce qui viennent avec leur propre voiture. Les touristes arabes (irakiens) viennent beaucoup ici", reconnaît Ali Osman, boutiquier de 52 ans à la barbe poivre et sel.

"Dans notre village il y a environ 35 maisons", confie le quinquagénaire, vêtu de l'habit traditionnel kurde. "Je pense que nous ne pouvons plus vivre ici, on doit quitter ce village".

Le jour du drame il était là. "On ne savait pas quoi faire. On est arrivé à un point où des familles ont fui en oubliant leurs enfants".

La tragédie condamnée par une grande partie de la classe politique a provoqué l'indignation de l'opinion publique et entraîné des manifestations un peu partout dans le pays durant lesquelles le drapeau turc a été piétinné ou brûlé.

La plupart des victimes sont des touristes irakiens du sud ou du centre du pays, ayant l'habitude de fuir les chaleurs caniculaires estivales pour trouver un peu de fraîcheur dans la région montagneuse du nord.

J.Fankhauser--BTB