Berliner Tageblatt - Viols de Mazan: déception ou espoir après le verdict, mais toujours "merci Gisèle"

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Viols de Mazan: déception ou espoir après le verdict, mais toujours "merci Gisèle"

Viols de Mazan: déception ou espoir après le verdict, mais toujours "merci Gisèle"

Ils sont venus à Avignon dire "merci" à Gisèle Pelicot d'avoir lutté pour "que la honte change de camp", mais malgré le verdict de culpabilité pour tous les accusés, ils ont ressenti jeudi une déception face aux peines. Jusqu'à ce que Gisèle sorte.

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Quand cette femme de 72 ans devenue une icône féministe a finalement descendu les marches du palais de justice d'Avignon vers 13H30, la petite foule de femmes et d'hommes massée sur le trottoir, certains après de vaines heures de queue dans l'espoir d'entrer dans le tribunal, était morose.

Certains déçus, d'autres en colère contre des peines allant de trois ans, dont deux avec sursis, à 20 ans de réclusion, prononcées contre les 51 hommes accusés pour la plupart de l'avoir violée.

"On est outrées de voir que la plus petite peine c'est trois ans, (dont) deux ans avec sursis, c'est se moquer du monde et se moquer de nous et se moquer des violences sexistes et sexuelles. Je n'ai même pas les mots. On est complètement désabusées", confie Stella Mezaber, 24 ans.

A l'intérieur du palais, les enfants de Gisèle font savoir à l'AFP qu'ils sont déçus par la faiblesse des peines.

"Je plains sincèrement de tout mon coeur Gisèle Pelicot, qui s'est battue pour que ce procès devienne historique. En réalité les peines ne seront pas historiques", regrette Isabelle Boyer, une des membres du collectif féministe Les Amazones d'Avignon à l'origine de collages contre les violences sexuelles apposés depuis des mois sur les murs de cette ville du Sud-Est de la France. Et aussi d'une grande banderole flottant en face du palais proclamant "Merci Gisèle".

Une expression de gratitude qui dominera la journée, utilisée jusque par le chancelier Olaf Scholz en Allemagne.

- Confiance -

Car après la déception, quelques escarmouches verbales avec des avocats d'accusés, ce sont soudain des vivats et des applaudissements qui ont retenti devant le palais, ainsi que des "Gisèle, Gisèle" quand elle est apparue avec ses avocats.

Elle, qui venait de dire devant des médias du monde entier: "J'ai voulu, en ouvrant les portes de ce procès le 2 septembre dernier, que la société puisse se saisir des débats qui s'y sont tenus. Je n'ai jamais regretté cette décision".

"J'ai confiance à présent en notre capacité à saisir collectivement un avenir dans lequel chacun, femme et homme, puisse vivre en harmonie, dans le respect et la compréhension mutuelle", avait-elle ajouté, mentionnant "les victimes non reconnues, dont les histoires demeurent souvent dans l'ombre." Et remerciant "tous ceux qui l'ont soutenue".

Une déclaration que des gens présents dehors ont lu ou regardé sur leur téléphone, comme Jadis Malchirand, lycéenne de 17 ans, présente devant le palais jusqu'à la sortie de Gisèle.

- Espoir -

"Ce qu'elle a fait, c'est tellement important pour toutes les victimes de violences sexuelles, pour qu'on les écoute", dit cette Avignonnaise qui tenait à "être là". "Oui, il y a de l'espoir, grâce à la force qu'elle a eue pour paraître, de l'espoir que toute personne qui est victime puisse avoir droit à la justice".

Gisèle Pelicot a indiqué qu'elle respectait la cour et sa décision.

Dans une des salles de retransmission du tribunal, des familles d'accusés ont elles crié en entendant certaines peines de plusieurs années de prison pour leurs proches, fils, mari ou père.

Certains accusés comparaissant libres et venus avec leurs affaires dans un sac de sport sont partis directement en prison. Quelques-unes des femmes sanglotent et resteront longtemps après le verdict dans la salle de retransmission pour éviter d'être filmées par la nuée de médias.

Plus que le verdict contre ces accusés âgés de 27 à 74 ans et de tous milieux sociaux, c'est "tout ce qui s'est passé dans le procès qui restera le plus important pour tenter de comprendre pourquoi ces hommes ne sont pas partis quand ils ont vu une femme inerte", estime de son côté Bernadette Teyssonnières, 69 ans, qui est venue tous les jours aux audiences.

Elle espère que ce procès permettra de discuter plus ouvertement et largement dans les familles de la question du consentement et du respect pour chacun dans la sexualité. Et éviter d'autres vies brisées.

L.Dubois--BTB