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Hand - Dika Mem: la perte de balle aux JO, "une cicatrice à vie"
"Une cicatrice qui restera en moi toute ma vie": l'arrière droit de l'équipe de France de hand Dika Mem est revenu lundi soir sur sa perte de balle à six secondes de la fin du temps réglementaire qui a coûté la qualification pour les demi-finales des JO (34-35 contre l'Allemagne a.p.).
QUESTION: Repensez-vous encore à cette perte de balle fatale ?
REPONSE: "C'est en moi forcément. C'est une cicatrice qui restera en moi toute ma vie, mais je n'y pense pas tous les jours. J'y repense forcément quand on m'en reparle ou que je vois passer des vidéos des dernières secondes sur les réseaux sociaux, mais d'une manière générale, cette épreuve qui a été très, très dure est aujourd'hui derrière moi. Je vis avec, j'avance avec, ça ne m'empêche pas de bien jouer. On a eu un très bon début de saison avec Barcelone, j'ai été à mon niveau comme d'habitude. Ce ne sont pas ces six secondes qui vont remettre en question tout mon travail depuis des années."
Q: Il y a quand même eu beaucoup de nuits sans sommeil après ce 7 août ?
R: "C'était dur, c'était très, très dur, je ne vais pas mentir. Les deux premières semaines, c'était super compliqué. Un ou deux jours après, je suis parti au Brésil, très, très loin. J'ai coupé mon téléphone. Mais au bout d'un moment, tu retournes à la réalité. Donc les premiers jours en club, c'était un peu compliqué. Mais le club m'a beaucoup aidé, mes coéquipiers et le staff ont su faire les choses pour que je me sente bien physiquement et mentalement."
Q: Avez-vous des regrets sur cette séquence ?
R: "La façon dont je me suis exprimé pendant le temps mort (qui a précédé la perte de balle, NDLR) auprès de Hugo (Descat), qui est un ami (+Ecoute-moi, calme-toi!+). Ce n'est pas dans ma nature: je suis quelqu'un normalement d'assez calme, tranquille. Je transmets les messages que le coach me demande de transmettre, ou alors ce que je ressens. Sur ce moment-là, avec toute la pression, toute la tension, je ne m'exprime pas de la meilleure façon envers Hugo. Mais si c'était à refaire, j'aurais repris la parole parce que j'estime qu'à ce moment-là c'est à moi de la prendre. Je me sentais bien. J'étais bien dans mon match: avant ces six secondes, il s'est passé des choses (il avait marqué 10 buts). Et forcément, si c'était à refaire, j'aurais fait une meilleure passe ou (appelé) un autre système. Mais voilà, c'est le sport."
Q: En avez-vous reparlé avec Hugo ?
R: "Bien sûr, il ne m'en a pas forcément tenu rigueur: il sait qu'il n'y a rien de personnel, c'est vraiment quelque chose qui m'est venu spontanément, et qui ne m'était jamais arrivé. Je me suis de nouveau excusé aujourd'hui (lundi, premier jour du premier rassemblement des Bleus depuis les Jeux, NDLR) et devant tout le monde. Ma parole, je peux la contrôler, alors qu'avoir perdu la balle est un fait de pour lequel je me suis excusé sur le moment. J'assume, je ne me cache pas, je vais vivre avec et ça va me motiver pour les prochaines échéances."
Q: Vous avez dit dans un entretien à L'Equipe avoir revu l'action 50.000 fois. Est-ce volontaire ou bien la met-on devant vos yeux ?
R: "Sur les réseaux sociaux, on me l'envoie, je ne cherche pas à l'éviter - je vais la revoir encore, c'est sûr. J'ai reçu plein de messages positifs mais aussi beaucoup de négatifs. Quand on a joué à Nantes (avec le Barça) jeudi, un supporter de Nantes sûrement, avec le maillot de l'équipe de France, est venu me voir, peut-être pour me déstabiliser: +Hé, les six dernières secondes du match!+ Cela va rester collé à moi. Je n'ai pas de problème avec ça."
Q: Les messages haineux ont-ils été durs à encaisser ?
R: "Oui, mais c'est quelque chose que je connais. Quand on joue des équipes +yougo+ (des Balkans), je reçois des insultes et messages racistes, des émojis de singes. Je sais faire la part des choses sur les réseaux sociaux. Mais ce qui ne m'a pas plu, ce qui m'a le plus blessé, c'est d'entendre des trucs d'anciens joueurs, dont un qui a eu une grande carrière, ou de coaches, des personnes qui connaissent vraiment le handball. Qu'on remette mon travail en question pour six secondes, ça, c'est quelque chose qui me fait mal."
Propos recueillis par Nicolas KIENAST dans le cadre d'un entretien accordé à l'AFP et au Parisien
D.Schneider--BTB